Super League : pourquoi les plus grands clubs de football lancent un nouveau tournoi?
4/19/2021 7:22:25 PM |
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Arsenal, Chelsea, Liverpool, Manchester City, Manchester United et Tottenham font partie des 12 clubs qui acceptent de rejoindre une nouvelle Super League européenne.
Dans un mouvement sismique pour le football européen, les clubs de la Premier League rejoindront l'AC Milan, l'Atletico Madrid, Barcelone, l'Inter Milan, la Juventus et le Real Madrid.
L'ESL annonce que les clubs fondateurs ont convenu de créer une "nouvelle compétition en milieu de semaine", les équipes continuant à "s'affronter dans leurs championnats nationaux respectifs".
La nouvelle ligue informe que la saison inaugurale doit "commencer dès que possible" et qu'elle "prévoit que trois autres clubs" rejoindront le groupe.
L'ESL souligne qu'elle prévoit également de lancer une compétition féminine dès que possible après le début du tournoi masculin.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, l'Uefa et la Premier League ont condamné cette décision dès que la nouvelle est tombée dimanche.
Les critiques affirment que cette décision est motivée uniquement par l'argent, qu'elle détruirait les ligues nationales et qu'elle est contraire à l'éthique du sport.
La Fifa, l'instance dirigeante du football mondial, ajoute aussi qu'elle ne reconnaîtra pas une telle compétition et que les joueurs concernés pourront se voir refuser la possibilité de participer à une Coupe du monde.
L'Uefa, l'organe directeur de l'Europe, réitère aussi cet avertissement dimanche en déclarant que les joueurs impliqués seront interdits de toute autre compétition au niveau national, européen ou mondial et pourront être empêchés de représenter leur équipe nationale.
Après l'annonce de l'ESL, la Fifa exprime sa "désapprobation" de la compétition proposée et a appelle "toutes les parties impliquées dans des discussions passionnées à s'engager dans un dialogue calme, constructif et équilibré pour le bien du jeu".
L'ESL a envoyé une lettre au président de la Fifa, Gianni Infantino, et au patron de l'Uefa, Aleksander Ceferin, pour les aviser d'une procédure judiciaire devant les tribunaux européens visant à bloquer toute sanction que les deux instances dirigeantes pourront tenter d'appliquer à la formation de l'ESL.
Dans un communiqué, l'ESL écrit : "Pour l'avenir, les clubs fondateurs sont impatients de mener des discussions avec l'Uefa et la Fifa afin de travailler en partenariat pour obtenir les meilleurs résultats pour la nouvelle ligue et pour le football dans son ensemble."
Pourquoi maintenant ?
Des pourparlers ont eu lieu en octobre, impliquant la banque JP Morgan de Wall Street, au sujet d'une nouvelle compétition de 4,6 milliards de livres sterling qui remplacerait la Ligue des champions.
L'Uefa espérait que le projet d'une nouvelle Ligue des champions à 36 équipes - dont les réformes devraient être confirmées lundi - empêcherait la formation d'une Super League.
Cependant, les 12 équipes impliquées dans la Super League ne pensent pas que les réformes aillent assez loin.
Ils estiment que la pandémie a "accéléré l'instabilité du modèle économique actuel du football européen".
"Ces derniers mois, un dialogue approfondi a eu lieu avec les parties prenantes du football concernant le futur format des compétitions européennes", ajoutent-ils.
"Les clubs fondateurs estiment que les solutions proposées à l'issue de ces discussions ne résolvent pas les problèmes fondamentaux, notamment la nécessité d'offrir des matches de meilleure qualité et des ressources financières supplémentaires pour l'ensemble de la pyramide du football."
Quel est le format proposé ?
La ligue comptera 20 équipes - les 12 membres fondateurs plus les trois clubs anonymes qui devraient bientôt les rejoindre, et cinq équipes qui se qualifieront chaque année en fonction de leurs résultats nationaux.
Selon les propositions, le tournoi de l'ESL débutera en août chaque année, avec des rencontres en milieu de semaine, et les clubs seront répartis en deux groupes de 10, s'affrontant à domicile et à l'extérieur.
Les trois premiers de chaque groupe se qualifieront pour les quarts de finale, tandis que les équipes classées quatrième et cinquième disputeront un barrage en deux manches pour les deux places restantes.
À partir de ce moment-là, la compétition se déroulera sous la forme d'un match à élimination directe en deux manches, comme c'est le cas en Ligue des champions, avant une finale en un seul match en mai, dans un lieu neutre.
L'ESL souligne que ce système générera plus d'argent que la Ligue des champions et entraînera une meilleure répartition des revenus dans le jeu.
Que disent les dirigeants de la Super League ?
Le président du Real Madrid, Florentino Perez, premier président de l'ESL, affirme que la nouvelle compétition va "aider le football à tous les niveaux".
"Le football est le seul sport global au monde avec plus de quatre milliards de fans et notre responsabilité en tant que grands clubs est de répondre à leurs désirs", a-t-il ajouté.
Le président de la Juventus, Andrea Agnelli, a démissionné du comité exécutif de l'Uefa et de la présidence de l'Association européenne des clubs (ECA), qui avait poussé les réformes prévues de la Ligue des champions.
Il estime que les 12 clubs se sont "réunis en ce moment critique, permettant à la compétition européenne d'être transformée, mettant le jeu que nous aimons sur une base durable pour l'avenir à long terme".
Le coprésident de Manchester United, Joel Glazer, sera le vice-président de la Super League.
Il indique qu'en réunissant « les plus grands clubs et joueurs du monde pour qu'ils s'affrontent tout au long de la saison, la Super League ouvrira un nouveau chapitre pour le football européen, garantissant une compétition et des installations de classe mondiale, ainsi qu'un soutien financier accru pour la pyramide du football au sens large."
Quelle a été la réaction ?
Essentiellement, une condamnation générale de la part de tous ceux qui ne sont pas impliqués dans la ligue proposée.
Boris Johnson juge que le projet sera "très préjudiciable au football" et le président français Emmanuel Macron salue le refus des clubs français de s'y joindre.
L'Uefa a publié une déclaration commune avec la Fédération anglaise de football, la Premier League, la Fédération espagnole de football, La Liga et la Fédération italienne de football, ainsi que la Serie A, affirmant qu'ils "resteront unis" pour tenter d'arrêter la scission, en utilisant "toutes les mesures disponibles".
L'ECA indique qu'elle est "fermement opposée" à la ligue, tandis que l'Association des supporters de football dit que les plans ne sont "motivés par rien d'autre qu'une cupidité cynique".
Parmi les ex-professionnels de football, l'ancien milieu de terrain de Liverpool et Tottenham Danny Murphy dit à BBC Sport que le projet "semble sans âme", l'ancien capitaine de Manchester United Gary Neville indique à Sky Sports qu'il est "absolument dégoûté", tandis que son ancien coéquipier Rio Ferdinand déclare sur BT Sport que les propositions feront le plus de mal aux supporters.
L'ultime trahison
Les groupes de supporters associés aux six clubs anglais concernés sont fermement opposés à la Super League.
Le groupe de supporters de Liverpool Spirit of Shankly (SOS) s'est dit "consterné" par la décision de Fenway Sports Group, le propriétaire du club basé aux États-Unis.
Dans un message sur les médias sociaux, SOS écrit : "FSG ignore les fans dans sa quête incessante et avide d'argent. Le football est à nous, pas à eux. Notre club de football est le nôtre, pas le leur".
Chelsea Supporters' Trust qualifie la décision d'"impardonnable" et déclare que ses membres et "les supporters de football du monde entier vivent une trahison ultime".
L'Arsenal Supporters' Trust qualifie l'accord d'adhésion du club à la "mort d'Arsenal en tant qu'institution sportive".
Le club officiel des supporters de Manchester City juge que cette décision montre que "les personnes impliquées n'ont aucune considération pour les traditions du football", ajoutant qu'il est "déterminé à lutter contre ce projet de Super League".
Le Manchester United Supporters' Trust a auparavant soutenu que les propositions sont "totalement inacceptables" et que l'ESL "va à l'encontre de tout ce que le football, et Manchester United, doivent représenter".
Tottenham Hotspur Supporters' Trust indique que l'ESL est un "concept motivé par l'avarice et l'intérêt personnel aux dépens des valeurs intrinsèques du jeu qui nous est si cher".
Analyse
S'il subsistait un doute sur la volonté de ces 12 clubs de lancer leur propre compétition, il a été levé par leur déclaration - renforcée par chacun d'eux à travers leurs propres plateformes médiatiques.
Tant de questions restent sans réponse.
La principale est de savoir s'ils parviendront à concrétiser leur projet, compte tenu de la forte résistance de l'Uefa et des ligues et associations des pays concernés.
Mais au-delà, qui seront les trois autres clubs qui composeront les 15 membres fondateurs ? Le Bayern Munich et le Paris St-Germain finiront-ils par se joindre à eux ? Et comment les cinq autres clubs seront-ils désignés ?
Ces discussions seront fascinantes. Mais pour l'instant, les clubs qui ont signé pour la Super League européenne doivent se battre sur le plan des relations publiques pour changer comment cette décision est perçue, car la réaction initiale est très largement négative.
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