INTRODUCTION A LA FORMATION RINVINDAF 11-15 JUIN 2014 A GENÈVE (SUISSE)
De Jean-Paul Pougala(*)
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6/10/2014 10:16:53 AM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


INTRODUCTION A LA FORMATION RINVINDAF 11-15 JUIN 2014 A GENÈVE (SUISSE)
Il y a quelques années, alors installé en Italie, je voulais ouvrir une succursale de mon usine italienne en Suisse. Une des conditions était que mon dossier soit accepté par l’Office des Populations de Genève. J’ai alors adressé ma demande de création d’une entreprise dans le Canton de Genève à l’Office des Populations qui me répond 3 mois plus tard par le refus. Ce qui est plus intéressant pour nous dans cette histoire n’est pas tellement qu’ils m’aient refusé de venir m’installer en Suisse. Mais c’est : Pourquoi ont-ils refusé ? C’est la motivation qui figurait en dessous de la sentence de refus :
« La Suisse a un énorme problème d’emploi pour ses propres habitants. Et il n’y a donc pas d’offre de travail pour de nouveaux arrivants. C’est pour cela que nous sommes au regret de vous annoncer que votre demande de vous installer en Suisse ne peut être acceptée ».

Voilà, plus ou moins la réponse que j’ai reçue, accompagnée d’une quittance me demandant de faire un virement pour le traitement de mon dossier. J’y ai répondu avec un courrier dénonçant le manque de sérieux et de professionnalisme, mais aussi pour dénoncer le racisme institutionnel de l’Etat de Genève. Voici la phrase que j’avais écrite en conclusion de ma lettre :

« J’ai l’impression qu’à Genève, l’Etat a l’habitude de se moquer des africains. Comment pouvez-vous me demander de payer des frais de traitement d’un dossier que vous n’avez même pas lu au-delà de la première ligne vous communiquant ma nationalité camerounaise ? Si vous aviez lu mon dossier, vous auriez été informés d’une chose aussi simple que banale : je ne cherche pas le travail, je crée le travail. Je n’ai pas demandé à m’installer en Suisse comme Salarié, mais comme Patron. Et si vous me refusez sous prétexte qu’il n’y a pas de travail en Suisse, c’est la preuve même que vous n’avez même pas ouvert mon dossier. C’est pour cela que je vous retourne impayée, votre quittance et c’est à vous de savoir où vous devez l’accrocher. »

Voilà le genre de chose qui arrive lorsqu’on est porteur d’un passeport africain. Ma demande d’entrepreneur comme Camerounais, n’a même pas été traitée. Je m’étais emporté au premier degré contre ce service administratif. Il m’a fallu des années pour comprendre ce qui était en réalité arrivé : les Africains, les Camerounais que ce bureau était habitué à traiter demandaient certainement pour la plupart à venir en Suisse comme travailleurs et non comme patrons. Parce que depuis notre indépendance, de générations en générations, nous avons cherché notre bonheur dans la position de servir les autres, et ces autres ne nous voient que comme des serviteurs et jamais des personnes à servir. Il suffit d’observer notre communauté ici en Suisse. Ici, nous sommes pour la plupart des esclaves, des esclaves parfois très contents de l’être. Le seul fait de venir travailler en Suisse nous satisfait. C’est le sommet de notre aspiration de carrière. Mais ce que nous oublions de faire, c’est de nous questionner sur la qualité de notre propre vie dans cette Suisse-là, fut-elle le pays le plus opulent au monde. Nous sommes au plus bas de l’échelle sociale, c’est-à-dire que dans ce pays, nous sommes des ouvriers, des prolétaires et nous ne comptons rien du tout.

Je vous conseille de regarder le film « Le Majordome », sorti en 2013 où ce domestique Noir est heureux de servir 7 chefs d’Etat américains jusqu’au jour où invité à la Maison Blanche, non plus comme servant, mais comme un être humain tout court, et au lieu de profiter de la fête, il entre en dé-confort, il tombe en dépression, parce que pour la première fois, de l’autre côté de la barrière, il voit à travers l’assiduité de ses collègues Noirs, tous au service et aucun d’eux parmi les invités, l’image de lui-même, dont toute l’existence a été celle de se mettre au servir du confort de la vie des autres et donc, qu’il n’a pas eu de vie du tout.

Vous êtes ce "Majordome", contents de vivre à genoux en Suisse pour servir le puissant, très heureux d’épater vos amis et familiers restés en Afrique et proclamez à qui veut vous entendre que vous êtes en Suisse, au paradis. Mais toute votre vie en Suisse sera mise au service des autres, l’essentiel de votre existence comme personne active sera exploitée en position de subalternes pour le confort des autres, sans que vous vous rendiez compte qu’en dernier ressort, tout le gain que vous en tirez ne vous servira à rien, puisque le système est aussi bien futé et sans pitié qu’il a déjà prévu que vous le laisserez complètement ici à travers vos multiples factures mensuelles et divers impôts.

Vos enfants nés et grandis ici vont pour la plupart, vous remplacer dans votre rôle d’ouvriers qui vont faire huiler la machine du système suisse, sans que eux, non plus, comme vous n’en tirent le moindre profit pour eux-mêmes.

Ce qui vous échappe en réalité, est que dans ce pays, on ne passe pas d’une classe sociale à l’autre, si vous êtes arrivés dans ce pays faisant partie de la basse classe sociale, vous y resterez jusqu’à la fin de votre vie, vos enfants seront de la basse classe et ainsi de suite.

En Afrique, tout peut arriver pour qui sait se battre. C’est le continent du rêve africain. Un enfant africain peut rêver de devenir tout, même président de la république, parce que chez nous, le fils d’un catéchiste peut devenir président de la république, pas en Suisse. Ici, tout est figé, immuable. En Afrique non.

La formation RE-INVENTER LES INDUSTRIELS AFRICAINS DE DEMAIN (RINVINDAF) que nous démarrons aujourd’hui a pour principal objectif de vous pousser à refuser l’esclavage. Cette formation veut être comme cette invitation du Majordome, pour vous permettre de vous questionner sur votre propre place dans cette Suisse, et surtout, vous amener à comprendre que les salaires Suisses réputés les plus élevés au monde ne vous permettront jamais de passer de votre position d’esclave à autre chose, parce qu’en même temps que le salaire est élevé, tous les services annexes sont hors de prix, réduisant la qualité de votre vie et celle de votre famille ici à moins que ce que vous auriez eu en Afrique.

A la différence du "Majordome" qui va démissionner et mourir de remord pour avoir gâché toute sa vie au service des puissants, cette formation va tenter de vous donner 4 choses très importantes qu’on n’achète pas :

- la fierté d’être vous-mêmes et la prise de conscience de vos capacités à changer votre destin à travers la sueur de votre front.

- la dignité des Africains toujours débout qui n’ont pas besoin de compromis stupides pour s’affirmer

- la connaissance. La plus grande richesse est la connaissance, car elle permet de faire passer l’argent qu’il y a dans votre tête à votre poche, à votre compte bancaire.

- l’enthousiasme et le désir ardent de rentrer très vite en Afrique pour mettre vos propres marques, afin de compter dans la société, demain, d’abord en Afrique et ensuite ici aussi.

Vous vous rendrez compte durant ces 5 jours que tout ce que je vous dirai vous semblera d’une telle banalité que votre plus grand regret sera forcément de vous demander pourquoi vous n’y aurez pas pensé avant. Le style du langage utilisé sera la simplicité de toujours, ramenant à la compréhension de tout le monde les notions souvent complexes de la politique et des stratégies de développement industriel.

LES ERREURS A NE PAS COMMETTRE

Nous analyserons les plus fréquentes erreurs faites par les industriels africains de maintenant, mais aussi, les erreurs fatales de ceux qui veulent devenir industriels. Par exemple, une des plus grandes erreurs des Africains qui veulent investir dans le secteur industriel est d’élaborer d’abord un bon projet et ensuite se poser la question des moyens financiers pour réaliser un tel projet. Alors que, comme nous le verrons ces jours, l’échec n’est pas très loin dans ce genre d’erreur. Vous devrez partir de vos ressources disponibles pour élaborer vos projets industriels. Si vous avez 1000 Francs Suisses de ressources disponibles, appliquez-vous à développer un projet de 1000 CHF et nous verrons les prochains jours qu’il existe plusieurs projets industriels que vous pourrez démarrer en Afrique avec moins de 1000 CHF.

Une autre erreur fatale très fréquente des africains qui s’aventurent dans l’industrie est de tout miser sur les emprunts bancaires pour démarrer. Nous verrons aussi pourquoi vous ne devez jamais compter sur la banque dans votre phase de démarrage. Tous les manuels qui vous expliquent comment trouver l’argent de financement de vos projets industriels sont écrits par des théoriciens qui n’ont jamais été propriétaires d’une usine dans leur vie et donc, se représentent une idée trop romantique du secteur industriel en oubliant tous les pièges cachés qui peuvent vous couler très vite et que nous analyserons en ces jours.

DESTINATION : LE TCHAD

A la fin de la formation, tous les Rinvindaf créent un projet commun à mettre en application dans un pays africain. Pour l’instant, nous sommes présents avec les projets communs dans 3 pays africains : La République Démocratique du Congo, le Cameroun et le Togo. Le Cameroun a été choisi comme notre première base stratégique. Les terres agricoles acquises à ce jour avoisinent 2000 hectares. Notre objectif est d’arriver à cumuler jusqu’à un million d’hectares de plantation en Afrique, ce qui représenterait un chiffre de production industrielle capable de faire bouger les lignes.

C’est dans cette optique que le prochain pays à devenir notre deuxième base stratégique est le Tchad. Bientôt, la capitale N’Djamena sera reliée au port de Kribi par un train, ce qui contribuera énormément à désenclaver ce pays et donc, donner un grand souffle à nos activités agro-industrielles. Samedi 14/06/2014, vous aurez la présentation de notre formateur Mathurin Tengueu qui est en même temps Directeur de IEG-Italie et qui a passé 11 ans entre Maroua au Cameroun et N’Djamena au Tchad, pour nous donner tous les avantages et les raisons de choisir le Tchad comme notre deuxième base stratégique. C’est toujours lui qui avec les Rinvindaf de nationalité ou d’origine tchadienne conduiront une délégation de ceux d’entre vous qui voudront bien voir dans quelle mesure devenir propriétaires de plantations au Tchad pour alimenter les 3 principales villes tchadiennes en plusieurs produits qui sont aujourd’hui importés de très loin et donc, cher et par conséquent hors de portée de plusieurs bourses.

Samedi 14/6 donc, nous verrons les différentes stratégies et les tactiques que nous avons développées pour vous faire réussir dans votre aventure industrielle au Tchad. C’est à nous de transformer l’Afrique parce que nous sommes les premiers à croire aux chances et opportunités de notre continent et non aux autres qui ne parlent que de pseudo-aides venant des continents tellement endettés qu’ils ne sont pas capables de s’aider eux-mêmes.

CONCLUSION

Lorsque j’ai traité le personnel administratif de l’Office des Populations de Genève comme raciste, c’était sans tenir compte du fait que nous, africains, ne faisons vraiment aucun effort pour améliorer la perception que les autres ont de nous. Il faut séjourner en Asie (Bangladesh, Laos, Népal, Sri Lanka etc.) pour se rendre compte qu’il n’y a pas de véritable misère en Afrique.

Malheureusement, le comportement de mendicité s’est généralisé chez nous et a poussé les gens à continuer de se présenter au monde avec des ONG de mendicité qui contribuent à détériorer notre image. A l’arrivée, les Suisses ont naturellement plus de respect pour les Arabes que nous, puisque ces derniers à travers de nombreuses banques en Suisse de leurs propriétés, ont transmis la perception que tous sont comme des pétroliers Qatari ou des princes Saoudiens. Ce qu’on ne peut pas dire pour l’Afrique. Pour s’en convaincre, il suffit de poser la question : Combien d’Africains sont-ils propriétaires d’une banque en Suisse ? Je vous laisse l'honneur de répondre à cette question.

Notre souhait est que des amitiés se créent entre vous, que des partenariats se développent autour de multiples projets que nous vous présenterons ces jours. Et surtout, n’oubliez jamais que la différence entre un projet qui réussit et un autre qui échoue est au niveau de la stratégie. Le succès d’un projet vient de la bonne stratégie appliquée. Le même projet mis à la disposition d’une personne sans stratégie va complètement louper.

Après 5 jours de leçons de Stratégies, est-ce trop rêver que de croire que la propriété d’une future banque africaine en Suisse pourra résulter du partenariat entre plusieurs d’entre vous ici présents à cette formation ?

Il y a parmi vous des personnes parties de la Finlande, des USA, de la Turquie. C'est la preuve que notre critère de sélection a vraiment ciblé la crème des crèmes des personnes qui ont déjà débuté leur processus du refus de l'esclavage. D'autres en sont encore à dire qu'ils n'ont pas trouvé l'argent pour le train, le temps, qu'ils n'ont pas su convaincre leurs patrons. Il se sont ainsi auto-exclus eux-mêmes, parce que, ne pas trouver le courage de mieux s'organise en mettant au centre leurs propres intérêts pour une formation qui doit les libérer, est la preuve que tout le monde ne peut pas être patron et qu'ils sont mieux là où ils sont.

Comme on l'a déjà vu durant les précédentes séances de formation, vous êtes déjà programmés pour vivre en personnes libres et pour refuser l'esclavage. Votre réussite est désormais lié à la sueur de votre front, puisque les résultats de votre travail sera pour vous-mêmes. Je crois en vous. C'est ce qui explique que je vais vous accompagner même après la formation pour être certain que toutes les promesses seront tenues. L'Afrique nous attend. Nous allons écrire ensemble l'histoire que nos descendants commenteront demain.

Bienvenue dans la famille RINVINDAF

Jean-Paul Pougala
Genève le 11 Juin 2014

Pour toute information, parlez avec Nicole Jimbe au 79 604 2394
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