DYNAMIQUE ECONOMIQUE, POLITIQUE, ET RIVALITES IDENTITAIRES ET REGIONALES AU CAMEROUN. (L’EXEMPLE DES GROUPS ETHNIQUES BAMILEKE, MBENE, BETI ET PEUL).
Par Gilbert Ngijol (Docteur d'Etat)
Imprimer
10/29/2013 4:15:26 PM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


En toute franchise, il faut reconnaître d’avance que beaucoup de lecteurs passionnés se demanderont objectivement et légitimement d’ailleurs, pourquoi seuls les quatre groupes ethniques à savoir Bamiléké, Mbene, Peul et Béti, font l’objet de cet ouvrage, alors que le Cameroun du Nord au Sud, et de l’Est à l’Ouest, compte plusieurs autres groupes ethniques.
La réponse à cette catégorie de lecteurs fouineurs et curieux, reste tout juste que les populations de ces quatre groupes ethniques ont une histoire particulière dans l’évolution politique du Cameroun, notamment à partir de la période de la lutte pour son accession à l’indépendance nationale, jusqu’à nos jours.

Par conséquent, il est fondamental de rappeler que l’implication dans l’insurrection de l’Union des Populations du Cameroun (U.P.C), un parti politique armé de l’époque coloniale, fut non seulement décisive, mais déterminante pour les populations des groupes ethniques Bamiléké et Mbene.

En outre, l’influence successive et particulière des populations des groupes ethniques Peul et Béti dans la gestion politique et économique du Cameroun post-colonial, demeure aujourd’hui indéniable. En effet, pendant plus d’un demi-siècle, un ressortissant du groupe ethnique Peul en l’occurrence le défunt Président Ahmadou Ahidjo, et un ressortissant du groupe ethnique Béti en la personne du Président Paul Biya ont eu tour à tour, la délicate et lourde responsabilité d’assurer les premiers, les fonctions de Président de la République d’un Cameroun indépendant.

Quoi qu’on dise, ces choses-là ne relèvent point d’un hasard, mais c’est le produit objectif de la qualité de la structuration de chaque groupe ethnique du Cameroun.
Dans cette perspective réaliste, les populations des groupes ethniques Bamiléké, Mbene, Peul et Béti, offrent aujourd’hui le meilleur cadre d’analyse des dynamiques économiques et politiques du Cameroun, de même qu’elles permettent d’appréhender au plus haut niveau, l’ampleur des rivalités identitaires qui hélas, constituent malheureusement des obstacles majeurs dans tous les processus de développement économique, politique et social du Cameroun.

C’est dire plus concrètement que les groupes ethniques Bamiléké, Mbene, Peul et Béti, n’auront servi que de plate-forme analytique, et il n’est point question d’en faire un sujet d’une quelconque apologie du tribalisme ou d’une autre menée ethnique, quelle qu’en soit la forme ou la nature polémique.

Dans ces circonstances précises, rappelons que du point de vue anthropologique, les mots tribu, ethnie, ont une connotation colonialiste et ne sont utilisés que pour désigner ou caractériser l’ancienne organisation sociale des peuples colonisés d’Afrique ou d’ailleurs.

Dès lors, le mot tribu, désigne un groupe social et politique fondé sur une parenté ethnique ou supposée, chez les seuls peuples à organisation sociale considérée primitive, sauvage ou barbare par les colonisateurs.

Le mot ethnie quant à lui, désigne un ensemble d’individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisations et en particulier, la communauté de langue et de culture.

Force est de reconnaître cependant de nos jours que la brutale fragmentation des anciennes sociétés en tribus, ethnies, groupes ethniques et grands groupes ethniques, par l’administration coloniale alors qu’en réalité ces anciennes sociétés étaient des nationalités africaines précoloniales, favorisa la relativisation des cultures africaines. Mais ce ne fut pas tout, car le même phénomène contribua aussi à une modification radicale de l’organisation sociale de ces mêmes sociétés africaines précoloniales, laquelle fut remplacée d’autorité par celle des colonisateurs, désormais devenus les nouveaux éducateurs et réformateurs d’un système importé et imposé.

Malheureusement en Afrique noire surtout, l’attachement à la famille, à la tribu, à l’ethnie, au groupe ethnique et au grand groupe ethnique, demeure un facteur d’identification et d’intégration. Il détermine par ailleurs et aujourd’hui notamment au Cameroun, le niveau du développement économique et social des différentes régions administratives, grâce au centralisme et à la concentration du pouvoir politique, lesquels favorisent toutes les formes de drainage économique, même les plus discriminatoires, les plus arbitraires, les plus ethniques et parfois les plus délétères.
Dans une telle configuration, il est totalement illusoire de nos jours de parler d’un réel développement économique endogène, sans au préalable changer ce système social artificiel. Or on ne saurait changer tout un système sans s’attendre aux inévitables conséquences provenant d’un tel bouleversement.

Aussi, en détruisant autoritairement les anciennes cultures et traditions africaines authentiques, initialement basées sur un principe anthropique qui prône le respect de la nature en fonction des croyances cosmogoniques et cosmologiques des populations autochtones respectives, on avait de ce fait intériorisé et institutionnalisé des frustrations, des confusions et des contradictions de toutes sortes. Auparavant, les populations africaines étaient indifférentes non seulement à la notion même d’appartenance ethnique, mais aussi et surtout, à celle du profit économique individualisé.

Force est de reconnaître par conséquent aujourd’hui qu’en créant et en renforçant ainsi artificiellement les concepts tribu, ethnie, groupe ethnique et de grand groupe ethnique dans l’imaginaire des populations africaines de la période précoloniale, on créait d’emblée un univers désormais conflictuel. Cet univers délétère se trouve aujourd’hui exposé aux inévitables manipulations intérieures et extérieures de tous bords. Beaucoup d'États africains ayant des frontières artificielles, ces manipulations demeureront encore ingérables pour longtemps.

En cette période de grave crise économique et de vives perturbations politiques particulièrement accentuées dans les pays en développement d’Afrique noire, les différentes tribus et ethnies ainsi complaisamment créée ne peuvent et ne pourront que rivaliser, se battre, se combattre et se neutraliser au lieu de se compléter pour ainsi tenter de faire face aux multiples et complexes problèmes qui les accablent. Malheureusement, ces problèmes semblent vraisemblablement demeurer éternellement, sans le moindre début d’une solution endogène.

Serait-t-il encore utile de rappeler à cet effet et en guise d’illustration, les causes exogènes et endogènes saillantes de certains conflits africains, notamment ceux du Rwanda, du Liberia, du Tchad, de la Centrafrique, du Congo, de la côte d’Ivoire et surtout de l’ex-Zaïre devenu par la force de choses, République Démocratique du Congo ? S’agissant de ce dernier pays, signalons que le mouvement politico-religieux du Bas Congo dénommé “Bundu Dia kongo”, aggrave et accentue en ce moment un phénomène identitaire qui risquerait d’être très dangereux pour toute l’Afrique Centrale. Cette énumération n’est pas exhaustive, la quasi-totalité des pays Africains connaissant des conflits inter-ethniques ouverts ou potentiels.

C’est dans ce contexte que les considérations identitaires et ethniques deviennent très préoccupantes, puisqu’elles sont génératrices des conflits fratricides meurtriers, dévastateurs et contagieux, obstacles majeurs à leur stabilité politique et par conséquent, à leur développement économique et social en général.

Convaincu néanmoins du fait que le réalisme économique n’a jamais fait bon ménage avec les seules théories politiques démagogiques et totalitaires dans un univers de manipulations orientées et intéressées, il m’a semblé utile et à titre préventif, d’apporter d’ultimes éclaircissements sur ce point précis. Depuis l’avènement des indépendances dans les pays de l’Afrique noire et au Cameroun plus particulièrement, ce point demeure un abcès de fixation dans lequel foisonnent toutes les possibilités d’instrumentalisation. Ces mêmes possibilités sont offertes à la fois aux nationaux, aux systèmes politiques successifs en place, mais aussi aux puissances étrangères.

Sous cet angle, notre recherche s’apparente à une tentative d’extériorisation des réalités anthropologiques et sociopolitiques des populations des groupes ethniques et des entités ethniques historiques du Cameroun qui sont les suivants :

- Le groupe ethnique Bamiléké ;
- Le groupe ethnique Mbene (1) ;
- Le groupe ethnique Béti ;

Les entités ethniques, et les ensembles de peuplements du nord Cameroun.

Loin de toutes polémiques, de toutes calomnies et de toutes critiques très souvent injustifiées ou excessives, qui sont objectivement et réellement ces populations, que représentent-elles aussi dans leurs régions d’appartenance?

- D’où viennent-elles?
- Que font-elles aujourd’hui?
- Que peuvent-elles?
- Que veulent-elles enfin dans cette société?

Demander aujourd’hui l’origine d’un être humain, d’une ethnie ou d’un groupe ethnique, revient en réalité à s’interroger sur :
L’origine des hommes et des autres créatures dans la planète terre ;
L’origine de la planète terre elle-même ;
L’origine de l’univers tout entier ;
L’origine des origines ou pour être plus précis, l’origine du commencement.

Il est fondamental de préciser que les questions de cette nature étaient autrefois interdites par les religions judéo-chrétiennes, car elles relevaient des domaines philosophiques et métaphysiques encore complexes et insolubles.

Sous cette optique, est-il nécessaire de rappeler que jusqu’à nos jours, ces questions manquent encore de réponses objectives et définitives, de telles réponses se situant jusque-là en dehors de la connaissance et de l’entendement du commun des mortels.( )

S’agissant seulement de l’origine ou des origines de l’être humain sur la planète terre, deux courants scientifiques continuent vainement de s’affronter sans pour autant trouver le moindre début d’une réponse scientifiquement et rationnellement acceptable.

Il s’agit en substance des deux théories suivantes:
La monogenèse ou monocentrisme théorie selon laquelle, l’homme ou les hommes qui peuplent aujourd’hui la planète terre, y seraient apparus à partir d’un même endroit. Cette théorie est surtout chère aux religions chrétiennes qui estiment que tous les êtres humains ont pour lointains ancêtres communs, Adam et Ève. Malheureusement, tout le monde n’est pas chrétien.

La polygénèse ou polycentrisme qui est la théorie selon laquelle, les hommes seraient plutôt apparus sur la planète terre à partir de plusieurs endroits différents. Mais lesquels ? et où se trouvent ces endroits aujourd’hui ?

Pour toutes ces questions embarrassantes, chacune des trois principales religions classiques à savoir le judaïsme, la religion judéo-chrétienne, et l’Islam a ses propres réponses. Malheureusement, aucune de leurs réponses n’a de valeur universelle ou absolue.

Il reste toujours à déplorer qu’aucune des deux théories n’apporte la preuve scientifiquement et universellement acceptable par rapport à l’origine de l’homme sur la planète terre.

Alors, demander dans ces conditions caractérisées par l’ignorance et une totale confusion à un être humain ses origines, devient une absurdité. Dès lors, il reste clair que chacun est naturellement originaire et autochtone de la région de ces ancêtres hyponymes, et institutionnellement citoyen d’un ou de plusieurs pays de la planète, tout dépendant de ses propres caprices.
Cette brève mise au clair permet enfin d’aborder l’épineux problème des rivalités identitaires et régionales du Cameroun, grâce à une analyse comparative pertinente de la dynamique économique, politique, et sociale des populations des entités ethniques et ensembles de peuplements précités.

Site Internet de Gilbert Ngijol pour l'achat de l'ouvrage
www.african-ancestries.com

Imprimer

 


  © Ekilafrica