COVID-19: le monde confronté à sa pire crise depuis 1945
AFP
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4/1/2020 1:01:09 PM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


Le nouveau coronavirus a tué plus de 43 000 personnes dans le monde, dont les trois quarts en Europe, et la pandémie, qualifiée par l’ONU de pire crise à laquelle l’humanité ait été confrontée depuis 1945, menace désormais de submerger les États-Unis.
Deuxième pays du monde le plus endeuillé par la pandémie, l’Espagne a annoncé mercredi avoir enregistré un nouveau record quotidien de 864 morts en 24 heures, passant la barre des 9000 morts.

Deux mois après la détection d’un premier cas de contamination dans le pays, l’Espagne redoute toujours de voir submergées les unités de soins intensifs qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités.

Depuis le début de la pandémie en décembre en Chine, plus de 865 000 cas ont été officiellement déclarés dans le monde, dont plus de la moitié en Europe, 189 000 aux États-Unis et plus de 110 000 en Asie.

Pour freiner la propagation de la pandémie, plus de 3,75 milliards de personnes, soit 48 % de la population mondiale, sont appelées ou contraintes par leurs autorités à rester chez elles.

Non sans difficulté dans les zones les plus pauvres, comme à Takadoum, un quartier de Rabat, aux étroites ruelles et aux minuscules fenêtres grillagées. « Je peux supporter de m’entasser dans un 40 m2 avec les cinq membres de ma famille, mais comment résister sans revenus ? », proteste Abdelkhalek, 52 ans.

Au Kenya, le président Uhuru Kenyatta s’est excusé mercredi pour les « excès » de brutalité commis par la police dans la mise en œuvre du couvre-feu nocturne.

« Massacre silencieux »

Partout, on guette fébrilement les conséquences du confinement, espérant voir une réduction des arrivées de nouveaux patients, comme en Italie, pays qui enregistre le plus grand nombre de décès (plus de 12 400 en un peu plus d’un mois), où le confinement commence à produire des résultats « encourageants », après trois semaines.

Mais la péninsule a encore compté 837 nouveaux morts en 24 heures, et les médecins italiens s’inquiètent désormais des convalescents, qui quittent l’hôpital dès que leur vie n’est plus menacée, même s’ils sont encore contagieux.

Certains sont envoyés dans des centres, qui accueillent des personnes âgées. En dépit des strictes mesures de protection édictées des médecins évoquent « un massacre silencieux » dans ces structures.

« Dans une guerre comme celle-ci, on ne peut se permettre de s’exposer à l’apparition de nouveaux foyers de contagion qui risquent de transformer ces centres de convalescence en “bombes virales” qui diffusent le virus », met en garde Raffaele Antonelli Incalzi, président de la Société de gériatrie italienne.

En Roumanie comme dans de nombreux pays en proie à une pénurie d’équipements médicaux, la colère enfle. « Nous sommes envoyés à la mort les mains nues », dénoncent les soignants.

« Nous avons deux combinaisons pour douze employés », résume la Dre Lorena Ehim, cheffe démissionnaire du département de soins intensifs de l’hôpital d’Orastie (centre).

240 000 morts envisagés aux États-Unis

Près de 500 patients sont morts du coronavirus dans les hôpitaux français ces 24 dernières heures, soit une nouvelle hausse record depuis le début de l’épidémie, qui porte le bilan total à 3523 morts.

L’Iran lui a dépassé mercredi la barre des 3000 décès.

Mais ce sont les États-Unis, où près des trois quarts des Américains vivent désormais confinés, qui risquent de devenir le nouvel épicentre de la pandémie. Le président Donald Trump a demandé à ses concitoyens de se préparer, à l’instar de l’Europe, à des semaines « très, très douloureuses ».

Un total de 4076 décès ont été recensés mercredi, soit un chiffre multiplié par deux en trois jours, a annoncé l’Université américaine Johns Hopkins, dont les bilans font autorité. Plus de 40 % de ces décès ont été enregistrés dans l’État de New York.

La Maison-Blanche a présenté ses projections : selon elle, la maladie devrait faire entre 100 000 et 240 000 morts aux États-Unis avec les restrictions actuelles, contre 1,5 à 2,2 millions sans aucune mesure.

Une preuve parmi d’autres de la gravité de la situation : le commandant d’un porte-avions nucléaire américain infesté par le coronavirus s’est heurté au refus du Pentagone lorsqu’il a demandé l’autorisation d’évacuer son équipage, coincé dans l’île de Guam, dans le Pacifique.

« Récession sans précédent »

La Russie a annoncé mercredi avoir envoyé un avion chargé d’aide humanitaire aux États-Unis.

Le chef des Nations unies, Antonio Guterres, a noté que la Terre vivait sa « pire crise mondiale depuis que l’ONU a été fondée » il y a 75 ans, évoquant « la combinaison d’une maladie menaçante pour tout le monde et d’un impact économique conduisant à une récession sans précédent dans un passé récent ».

Il existe désormais un risque de « pénurie alimentaire » sur le marché mondial à cause des perturbations liées à la COVID-19 dans le commerce international et les chaînes d’approvisionnement alimentaire, ont averti des agences dépendant de l’ONU et l’OMC.

En Asie, la Bourse de Tokyo a encore creusé nettement ses pertes mercredi (-4,5 %) sur fond de crainte d’un confinement prochain de la capitale du Japon, jusque-là relativement épargné par l’épidémie. Les marchés européens chutaient aussi. Vers 8 h 45, Paris perdait 4,12 %, Francfort 3,49 % et Londres 3,43 %.

Sur le plan sportif, les organisateurs des Jeux olympiques d’hiver 2022 de Pékin ont reconnu mercredi que le report des JO de Tokyo de 2020 à 2021 les mettait dans « une situation spéciale ». Le coup d’envoi des prochains Jeux d’hiver est prévu le 4 février 2022, soit un enchaînement inédit depuis 1994 de deux JO en l’espace de six mois.

Et le Festival d’Édimbourg, plus grand évènement mondial de spectacle vivant prévu au mois d’août, a été annulé en raison de la pandémie.
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