Le président vénézuélien Maduro inculpé aux États-Unis de «narcoterrorisme»
AFP
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3/27/2020 9:17:09 AM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


Les États-Unis ont annoncé jeudi l’inculpation du président vénézuélien Nicolas Maduro, et de plusieurs de ses proches, pour « narcoterrorisme », augmentant encore la pression sur le dirigeant socialiste dont ils souhaitent l’éviction.
« Le gouvernement de Donald Trump, dans une action outrageusement extrême, vulgaire et misérable, a lancé une série de fausses accusations fallacieuses. Je le dis comme ça : tu es misérable, Donald Trump ! Il ne se comporte pas seulement comme un cow-boy, raciste et suprémaciste, il gère les relations internationales comme un extorsionniste », a réagi le dirigeant vénézuélien à la télévision nationale.

Washington offre une prime pouvant atteindre 15 millions de dollars pour toute information qui permettrait de l’arrêter.

« Nous voulons qu’il soit capturé afin qu’il réponde de ses actes devant un tribunal américain », a déclaré le ministre de la Justice Bill Barr lors d’une conférence de presse organisée en vidéoconférence en raison du nouveau coronavirus.

Interrogé sur l’opportunité d’une telle annonce en pleine crise sanitaire, le ministre a jugé que c’était « le meilleur moyen de soutenir le peuple vénézuélien » qui, comme un tiers de l’humanité, est appelé à rester confiné chez lui après la confirmation d’une centaine de cas de COVID-19.

« En ce moment, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour débarrasser le pays de cette clique corrompue », a asséné Bill Barr.

Il a toutefois refusé de préciser si les États-Unis envisageaient une intervention au Venezuela pour l’interpeller ou d’émettre une demande d’extradition contre le président et ses coaccusés.

« Il y a plusieurs options, mais mon espoir est que le peuple vénézuélien soit bientôt dans une position qui lui permettra de nous les remettre », a-t-il dit.

FARC et cocaïne

Ces inculpations sont « une nouvelle forme de coup d’État sur la base d’accusations misérables, vulgaires et infondées » de la part de l’administration de Donald Trump, ennemi juré du pouvoir chaviste, s’est ensuite insurgé Jorge Arreaza, ministre des Affaires étrangères de Nicolas Maduro.

Outre le président socialiste, le numéro deux du parti présidentiel (PSUV), Diosdado Cabello, et plusieurs haut gradés sont soupçonnés par Washington d’avoir formé vers 1999 « le cartel de los Soles » (le cartel des soleils) en référence aux insignes placés sur les uniformes d’officiers au Venezuela.

Ils sont accusés de s’être associé « à une organisation terroriste extrêmement violente, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), dans un effort pour inonder les États-Unis de cocaïne », a précisé Bill Barr.

La guérilla a signé un accord de paix en 2016, mais « des dissidents continuent le trafic de drogue et la lutte armée », a souligné le ministre. Selon lui, « ils ont obtenu le soutien du régime de Maduro qui les autorise à utiliser le Venezuela comme base arrière ».

Deux dirigeants des FARC sont visés par l’acte d’accusation adopté par un tribunal new-yorkais. Les accusés sont passibles de la détention à perpétuité.

« Maduro a délibérément utilisé la cocaïne comme une arme » pour dévaster des populations aux États-Unis, a assuré le procureur fédéral Geoffrey Berman en charge du dossier.

Selon l’acte d’inculpation, il s’est enrichi au passage, acceptant notamment en 2006 cinq millions de dollars des FARC après les avoir aidés à blanchir de l’argent.

Le précédent Noriega

Des poursuites ont également été engagées à Miami contre le chef de la Cour suprême du Venezuela, Maikel Moreno Perez, inculpé de « blanchiment d’argent », et à Washington contre le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez pour trafic de drogue.

Les États-Unis ne reconnaissent pas Nicolas Maduro comme président du Venezuela, tout comme ils ne reconnaissaient pas Manuel Noriega comme président du Panama lorsqu’ils l’ont inculpé en 1989 pour trafic de drogue, a souligné Bill Barr.

A la tête du Venezuela depuis 2013, Nicolas Maduro a été réélu pour un second mandat en 2018 à l’issue d’un scrutin boycotté par l’opposition qui en a rejeté les résultats, comme une grande partie de la communauté internationale.

Les États-Unis, ainsi qu’une soixantaine de pays, soutiennent le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaidó, qu’ils ont reconnu président par intérim.

Julio Borges, nommé « commissaire aux relations extérieures » par Juan Guaidó, a d’ailleurs salué les inculpations annoncées jeudi. « L’équation est simple : Maduro égal narcotrafic, Maduro égal crime organisé », a-t-il déclaré.

Washington tente d’asphyxier le gouvernement de Nicolas Maduro avec une série de sanctions économiques. L’objectif affiché de Donald Trump est de contribuer à l’éviction du successeur d’Hugo Chavez, grand pourfendeur de « l’impérialisme nord-américain ».

Mais ce dernier conserve le soutien de la Chine, de la Russie et de Cuba, et les soutiens à Juan Guaidó commencent à s’essouffler dans le pays.
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