France - Réforme des retraites: troisième journée de grève
AFP
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12/7/2019 6:31:49 PM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


La mobilisation sur les retraites s’installe dans la durée pour tenter de faire plier le gouvernement et promet un week-end de galère dans les transports avant une nouvelle épreuve de force mardi et la présentation détaillée de la réforme le lendemain.
« On a frappé un grand coup, généré une dynamique », s’est réjoui le numéro un de Force Ouvrière, Yves Veyrier, avant la réunion intersyndicale qui a appelé à une nouvelle mobilisation mardi prochain.

Jeudi, les manifestations ont davantage mobilisé que lors des premières journées des mouvements sociaux sur les retraites de 1995, 2003 et 2010.

Enseignants, cheminots, pompiers, fonctionnaires… Avec plus de 800 000 personnes dans la rue et certains secteurs d’activité au ralenti, voire à l’arrêt comme les raffineries, les syndicats opposés à la réforme (FO, CGT, Solidaires, FSU) ont repris des couleurs.

Toutes les organisations syndicales, y compris la première, la CFDT, qui soutient le principe d’un régime universel de retraite par points, exhortent l’exécutif à sortir du bois pour détailler sa réforme.

Du perron de Matignon, le premier ministre Édouard Philippe a promis qu’il livrerait mercredi, dans l’enceinte du Conseil économique, social et environnemental (CESE) cher aux partenaires sociaux, « l’intégralité du projet du gouvernement ».

Mais y aura-t-il matière à éteindre l’incendie ?

« Le calendrier est bouleversé mais rien ne change dans l’objectif du gouvernement : casser notre régime de retraite solidaire pour le remplacer par un système individualisé où chacune et chacun sera perdant », a regretté la CGT, où des voix militent déjà pour une troisième journée de mobilisation jeudi prochain. Une nouvelle réunion intersyndicale a d’ailleurs été prévue mardi soir par les organisations de salariés et les mouvements de jeunesse ayant appelé à l’action les 5 et 10 décembre.

« On sait très bien que ce n’est pas une seule journée qui suffira », a fait valoir samedi sur BFMTV Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, appelant le gouvernement à « faire un signe et un geste forts » en retirant « pour l’instant » son projet afin d’ouvrir « des négociations ».

À l’origine de la colère : le « système universel » de retraite censé remplacer à partir de 2025 les 42 régimes de retraite existants (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires).

L’exécutif promet un dispositif « plus juste », quand les opposants redoutent une « précarisation » des retraités.

Édouard Philippe a pris soin de dire qu’il n’était pas « dans une logique de confrontation », comme pour s’éloigner de son mentor Alain Juppé version 1995.

Avant les annonces du premier ministre, la ministre des Solidarités Agnès Buzyn et le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye présenteront lundi après-midi les conclusions de la concertation relancée en septembre par le gouvernement.

Attention aux gares franciliennes lundi

En attendant, les usagers auront toujours des difficultés à se déplacer.

Le week-end, à moins de trois semaines de Noël, s’annonce toujours très perturbé. Samedi matin, la SNCF et la RATP confirmaient leurs prévisions : 15 % des trains de banlieue et un TGV sur six en circulation, neuf lignes de métro parisien fermées.

Et lundi, cinquième journée de grève, ne s’annonce pas plus rose dans les transports publics. La compagnie ferroviaire a même recommandé aux usagers franciliens d’éviter les Transilien (RER, SNCF et trains de banlieue) ce jour-là, l’affluence attendue dans les gares s’annonçant « très dangereuse ».

Les trois syndicats représentatifs de la SNCF ayant appelé ensemble à la grève illimitée — la CGT — Cheminots, l’UNSA ferroviaire et SUD-Rail — ne désarment pas. Ils se sont retrouvés samedi en intersyndicale au siège de la CGT, à Montreuil (Seine–Saint-Denis).

« Tant qu’il n’y aura pas une remise en cause du fond possible, on n’ira pas négocier », a prévenu sur Europe 1 Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail, avant de se rendre à l’intersyndicale.

Lors d’une réunion avec les représentants du personnel vendredi, la direction de la SNCF a fait des propositions sur « l’emploi, l’attractivité, la qualité de vie au travail, et les salaires », a relevé Florent Monteilhet, secrétaire général adjoint de l’UNSA ferroviaire. « Ils essaient de desserrer l’étau », a-t-il commenté avant d’entrer en intersyndicale.

À la mi-journée, la manifestation contre le chômage et la précarité, organisée chaque premier samedi de décembre, pourrait avoir une tonalité particulière, en résonance avec la mobilisation sur les retraites.

Des gilets jaunes, qui ont apporté leur soutien à la contestation, doivent également défiler à Paris.

Le gouvernement a plusieurs foyers à éteindre, et pas seulement sur les régimes spéciaux, pour lesquels Édouard Philippe a promis des « transitions progressives » vers le futur système.

Il doit notamment répondre aux inquiétudes des enseignants, qui craignent que leurs pensions de retraite baissent avec les nouvelles règles de calcul. Pour l’éviter, le premier ministre s’est engagé à une « revalorisation progressive » de leur traitement.
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