Au Mozambique, le cyclone Idai fait 19 morts, la ville de Beira coupée du monde
AFP
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3/16/2019 2:11:59 PM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


Le passage du cyclone Idai sur le Mozambique a causé la mort d'au moins 19 personnes et virtuellement coupé du reste du pays la ville côtière de Beira (centre), privée d'électricité, de téléphone et même d'aéroport.
Rues et routes inondées, toits envolés, poteaux électriques arrachés, la quatrième ville du pays et ses quelque 500 000 habitats ont été frappés de plein fouet jeudi soir par des vents violents, estimés à plus de 190 km/h, et des pluies diluviennes.

Vingt-quatre heures plus tard, le premier bilan livré par les autorités locales faisait état d'au moins 19 morts et plus de 70 blessés dans la province de Sofala, dont Beira est le chef-lieu, selon la radio nationale.

« Le moment le plus dur a été la nuit dernière et ce matin », a raconté le gouverneur local, Alberto Mondlane, sur Radio Moçambique, « il y a énormément de dégâts [...], beaucoup d'habitations ont vu leur toit arraché ».

L'aéroport de la ville a été gravement touché. « Malheureusement, il est dévasté », a rapporté sous couvert d'anonymat à l'AFP un responsable de l'Institut national de gestion des catastrophes (DMNI).

« Les lumières qui délimitent les pistes, les équipements d'aide à la navigation, les antennes de la tour de contrôle et la tour elle-même ont été détruits », a-t-il ajouté, « la piste est jonchée de débris et les avions garés sur le tarmac ont été endommagés ».

Selon ce responsable, l'aéroport ne devrait pas pouvoir rouvrir avant dimanche matin.

Interrompu dès jeudi matin à cause de l'arrivée d'Idai, le trafic aérien intérieur mozambicain est resté suspendu toute la journée de vendredi.

La province de Sofala et celles voisines de Manica et d'Inhambane étaient par ailleurs totalement privées d'électricité depuis jeudi soir, a annoncé la compagnie nationale d'électricité.

Faute de courant et d'eau, l'hôpital central de Beira, le deuxième plus important du pays, a dû suspendre les opérations chirurgicales. « Les conditions ne permettent plus d'y opérer les patients », a indiqué son porte-parole Bonifacio Cebola, cité par la radio nationale.

Les autorités de Maputo avaient placé en début de semaine la région en alerte rouge en prévision de l'arrivée d'Idai et ordonné l'évacuation des populations les plus menacées.

Plus de 140 000 sinistrés

Depuis le début du mois, le système dépressionnaire qui est associé au cyclone Idai, présenté par les météorologistes comme le plus puissant des dix dernières années, a noyé le centre et le nord du Mozambique sous des pluies diluviennes.

Avant l'arrivée d'Idai, le bilan de ces inondations s'élevait à 66 morts, 111 blessés, quelque 17 000 déplacés et plus de 140 000 sinistrés.

Autorités, secours et ONG s'attendant à ce que le passage du cyclone aggrave la situation déjà précaire sur le terrain.

« Le cyclone Idai a frappé une population déjà en difficulté et donc extrêmement vulnérable. Son passage a encore aggravé leurs souffrances », a souligné Marcoluigi Corsi, le représentant de l'UNICEF au Mozambique.

Selon ses estimations, jusqu'à 600 000 personnes pourraient être affectées par le cyclone.

Le Programme alimentaire mondiale (PAM) de l'ONU a annoncé vendredi l'envoi de 20 tonnes de rations d'urgence et d'un hélicoptère lourd pour venir en aide aux sinistrés.

Selon les prévisions des services météorologiques locaux, de fortes pluies devraient persister jusqu'à dimanche sur la ville de Beira et tout le centre du pays.

Le Mozambique subit régulièrement le passage de cyclones qui provoquent des inondations massives. Ces crues avaient causé la mort de 800 personnes en 2000 et de plus de cent en 2015.

Les récentes précipitations ont également frappé le sud du Malawi voisin, où elles ont fait 56 morts, près d'un million de sinistrés et plus de 80 000 déplacés, selon le dernier bilan publié par le Département de gestion des risques.

Les autorités locales ont monté à la hâte près de 200 camps de tentes pour accueillir les sinistrés, qui y vivent dans des conditions précaires à la merci du paludisme, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le Mozambique et le Malawi, deux des pays les plus pauvres du monde, sont soumis depuis plusieurs années déjà à de longues périodes de sécheresse alternant avec des épisodes de pluies dévastateurs.

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