France: Les gilets jaunes marchent contre les violences policières, heurts à Paris
AFP
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2/2/2019 6:37:57 PM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


En pleine polémique sur les LBD, plusieurs milliers de gilets jaunes défilaient samedi à travers la France pour dénoncer les violences policières, notamment à Paris où des heurts ont éclaté en milieu d'après-midi.
Au lendemain de la décision du Conseil d'État de maintenir l'usage des lanceurs de balle de défense (LBD) dans les manifestations, une « grande marche des blessés » s'est élancée vers midi à Paris, pour l'acte 12 du mouvement lancé il y a deux mois et demi.

Parties depuis la place Félix-Eboué à Paris (XIIe), plusieurs milliers de personnes ont d'abord rallié dans le calme la place de la République en milieu d'après-midi derrière des banderoles réclamant l'interdiction des grenades et des LBD et un kaléidoscope de visages tuméfiés. 13 800 personnes ont participé au cortège, selon un comptage réalisé par le cabinet Occurence pour un collectif de médias dont l'AFP, 10 500 selon la police.

Devenu l'emblème des manifestants blessés, le « gilet jaune » Jérôme Rodrigues, gravement touché à l'oeil droit samedi dernier, a été acclamé à chacune de ses apparitions. « Jérôme courage. Jérôme on t'aime. Jérôme on est avec toi », ont scandé des manifestants. D'autres figures du mouvement, notamment Éric Drouet et Maxime Nicolle, ont également participé à la marche.

« C'est intolérable, inacceptable. Ce sont des blessures qui mutilent, qui détruisent des vies alors que nous ne sommes des pacifistes », a affirmé Antonio, un des organisateurs de la marche et lui-même blessé par une grenade GLI-F4.

Après un défilé sans heurts, de premiers incidents ont éclaté Boulevard Saint-Martin, aux alentours de la place de la République, où les forces de l'ordre ont commencé à faire usage de lacrymogènes et de canon à eau pour maintenir à distance des manifestants qui leur lançaient des projectiles, a constaté une journaliste de l'AFP.

Des affrontements épars se sont ensuite poursuivis place de la République dans un épais nuage de lacrymogène, où du matériel urbain a été incendié et où des manifestants ont été interpellés.

« Tout le monde déteste la police », scandaient des manifestants. L'un d'eux a été évacué par les pompiers après avoir été atteint au visage par un tir de LBD, a constaté un journaliste de l'AFP.

Saisi en urgence d'une demande d'interdiction du LBD, le Conseil d'État avait estimé vendredi que le risque de violences dans les manifestations rendait « nécessaire de permettre aux forces de l'ordre de recourir » à cette arme controversée.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a reconnu que cette arme - utilisée plus de 9200 fois depuis le début de la contestation - pouvait « blesser » et a promis de sanctionner « les abus » mais il en a défendu l'utilisation « pour faire face aux émeutiers ».

« Vivre et non survivre »

À 14 h, 17 400 personnes étaient mobilisées dans toute la France, contre 21 000 à la même heure la semaine précédente, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur régulièrement contestés par les gilets jaunes qui accusent le gouvernement de minorer la mobilisation.

Ce samedi, les gilets jaunes avaient également appelé à se mobiliser en masse à Valence, où le président Emmanuel Macron s'était rendu la semaine dernière pour le grand débat lancé dans l'espoir d'éteindre la crise.

Quelque 5400 manifestants défilaient dans une ambiance bon enfant dans la ville où des mesures de sécurité exceptionnelles avaient été prises. Selon la préfecture, 18 personnes ont été interpellées avant la manifestation et « une centaine d'armes blanches ou par destination » saisie.

À Bordeaux, la mobilisation apparaissait légèrement en baisse avec quelque 4000 manifestants selon une estimation de l'AFP, la préfecture refusant depuis deux semaines de donner des chiffres. La semaine dernière, l'AFP recensait quelque 5000 personnes.

Sous un vent froid, le cortège s'est déroulé dans les rues du centre-ville aux cris habituels de Macron démission ou d'appels à la grève générale pour le 5 février, confirmant malgré tout la place de Bordeaux comme l'un des bastions des gilets jaunes, gonflé par l'afflux d'habitants de tous les départements voisins où n'existent aucune grande ville.

À Toulouse, autre place forte du mouvement, plusieurs milliers de gilets jaunes défilaient pour rendre hommage aux blessés du mouvement.

Dans la matinée, des marches ont également eu lieu dans le grand ouest, à Caen où des gilets jaunes arboraient cache-oeil ou bandages et à Rouen, des pancartes appelant Macron à « faire (sa) valise ».

À Lille, plusieurs centaines de gilets jaunes défilaient aux cris de « Castaner démission », arborant là aussi des bandeaux sur le front ou les yeux, tachés de faux sang.

« Moi en tant que citoyenne et professeur si j'ai des réactions violentes et disproportionnées, j'en assume les responsabilités. Le gouvernement doit aussi assumer », explique à l'AFP Sophie, 49 ans, venue de Boulogne-sur-Mer.

À Lyon, le cortège a tenté d'emprunter les rues commerçantes du centre-ville, mais en a été empêché par les forces de l'ordre. « On va forcément se faire gazer à un moment ou à un autre, l'idée c'est de partager le gaz avec tout le monde », scandait un manifestant dans un haut-parleur.

À Morlaix, peu avant le début d'une manifestation, Claudie 56 ans, saisonnière au chômage, l'oeil bandé, a confié être là « pour le pouvoir d'achat, une vie meilleure, vivre et non survivre ».

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