Deux ONG accusent Lafarge de "complicité de crimes contre l'humanité"
AFP
Imprimer
5/15/2018 9:51:47 AM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


Paris (awp/afp) - Deux ONG ayant porté plainte contre le cimentier Lafarge, accusé d'avoir financé des groupes armés en Syrie dont l'organisation Etat islamique (EI), ont demandé aux juges de mettre en examen la multinationale pour "complicité de crimes contre l'humanité", a appris mardi l'AFP auprès de ces associations.
Dans une note transmise récemment aux magistrats, les associations Sherpa et le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l'Homme (ECCHR) considèrent que Lafarge se serait rendu coupable de "complicité de crimes contre l'humanité" en finançant l'EI pour pouvoir maintenir l'activité de son usine syrienne de Jalabiya (nord), au mépris des menaces sur la sécurité des employés locaux.

"A ce stade de l'information judiciaire", estiment les associations dans un communiqué commun, la mise en examen du cimentier pour ce chef de poursuite est "inéluctable". Pour l'heure, huit anciens cadres ou dirigeants du groupe ont été mis en examen dans ce dossier, dont l'ex-PDG Bruno Lafont pour "financement d'une entreprise terroriste".

"Les entreprises ont les moyens d'alimenter des conflits armés en collaborant avec des régimes ou des groupes armés qui se rendent coupables de crimes de guerre et contre l'humanité. La lutte contre l'impunité des multinationales devra passer par la mise en cause de leur responsabilité", a déclaré Sandra Cossart, directrice de Sherpa dans le communiqué.

Enlèvements de salariés, exactions contre les populations civiles, crimes ciblés sur les minorités yézidies ou chrétiennes : pour les associations, le groupe et ses dirigeants ne pouvaient ignorer qu'ils "contribuaient" financièrement aux crimes contre l'humanité imputés à l'EI "dans la région de l'usine (entre 2012 et 2015) mais aussi dans le reste du monde", selon le communiqué.

Ce financement "à hauteur de plusieurs millions d'euros", facilité par des intermédiaires, a pris la forme, d'après les investigations, de paiements de "taxes" pour permettre la circulation des marchandises et des salariés et d'achats de matières premières dont du pétrole à des fournisseurs proches de l'EI. A ces canaux de financement, s'ajoute selon les associations, une "nouvelle source cruciale" : la "vente directe de ciment" au groupe jihadiste.

Les deux associations, avec onze anciens salariés, avaient été les premières à lancer une plainte pour "financement du terrorisme" contre Lafarge, qui a fusionné avec le Suisse Holcim en 2015, en visant aussi la "complicité de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre".
Imprimer

 


  © Ekilafrica