Les Saturnales ou La journée des droits de la femme
Par Michel Lobé Etamé
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3/10/2017 11:00:05 AM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


L’année calendaire a 365 jours si nous excluons les heures et les secondes. Au cours de cet espace de temps si intime et captivant, les hommes règnent pendant 364 jours et abusent de tous les droits. Pour se dédouaner, ils ont instauré une journée où la gente féminine peut exprimer librement et à ses risques, ses revendications.
La journée des droits de la femme nous ramène à notre propre histoire et aux combats pour la liberté et l’égalité pour tous. Souvenons-nous des Saturnales, une fête grandiose, quand le pouvoir absolu de Rome accordait une journée aux esclaves où ils n’étaient pas tenus d’obéir à leurs « maîtres bienfaiteurs ». Très peu d’esclaves ont osé cet affront car les représailles du maître, le lendemain, étaient cruciales.

Nous sommes au 21ème siècle, en 2017. L’homme a-t-il évolué ? A-t-il seulement accepté de reconnaître les droits élémentaires entre humains ? Ces questionnements nous interrogent et confirment la domination sociale, culturelle et symbolique exercée par les uns sur les autres. Par extension, cette domination permet à l’homme de concevoir, de formaliser et d’appliquer une structure sociale misogyne, patriarcale et sexiste.

Les lois en cours, dans notre société dite moderne, sur la parité, l’égalité et la mixité n’ont donc aucune valeur juridique. Elles sont arbitraires.

Bien que dénoncée et critiquée par l’humanisme et le siècle des Lumières, notre société est toujours sous une influence phallocratique bien entretenue. C’est pourquoi l’émancipation de la femme, viciée aussi par le poids des religions, est toujours un combat d’actualité. Un combat qui doit dénoncer l’éducation des enfants où le sexe dit faible, est automatiquement soumis à des tâches ménagères.

Nous devons repenser notre éducation. Les filles et les garçons aspirent tous au bonheur.

Ce bonheur ne se réalisera que si l’éducation, dès le bas âge, se débarrasse de ses clichés séculaires sur les femmes. Dieu seul sait qu’ils sont nombreux, ces clichés !

L’éducation de notre société reste la seule issue pour mettre fin aux inégalités qui soumettent la femme à des tâches subalternes. Il faut impérativement sortir de la logique actuelle qui les discrimine. Pour cela, l’éducation nationale doit remettre en cause ses manuels discriminant et proposer un enseignement sans aucune considération sexuelle.

Les assemblées législatives de tous les pays du monde, dominées par les hommes, doivent aussi légiférer pour forcer les partis politiques à présenter autant de femmes que d’hommes aux élections. En effet, seule une loi peut imposer une parité aux partis politiques qui sont bâtis à l’image de notre société.

Aucune évolution sociétale ne conduira à la parité tant que les hommes sont accrochés à leurs privilèges. Les hommes restent naturellement très ancrés à leurs avantages sociaux. Ils ne sont pas prêts à céder des acquis qui leur offrent encore des droits, des avantages malsains et non des devoirs.

Les défilés à travers le monde pour célébrer la journée des droits de la femme ont une efficacité relative. Le combat doit être permanent et mobiliser toutes les couches de la population car les clichés ont la vie dure.

Le combat des femmes ne peut se limiter à l’égalité des sexes. Il doit aussi permettre aux uns et aux autres de disposer librement de leurs corps.

La journée des droits de la femme est de ce point de vue une phallocratie qui noie dans un verre d’eau toutes les vicissitudes élaborées et mises en place depuis la nuit des temps par les hommes. Cette journée doit se célébrer tous les jours.



Par Michel Lobé Etamé
Journaliste
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