Éditorial: Le nombre de réfugiés dans le monde a explosé
Par Michel Lobé Etamé
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6/24/2016 9:47:07 AM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


Encore un chiffre avancé par l’Organisation Internationale des Migrations (OIM). Un chiffre ordinaire, courant, banal, sans émotion et qui n’interpelle plus personne. Le nombre de réfugiés et de déplacés qui ont fui les conflits, les persécutions et la pauvreté dans leurs pays a atteint un niveau record de 63, 3 millions de personnes en 2015. Un simple recensement que les outils statistiques interpréteront et peaufineront à leur guise.
A ce chiffre, il conviendrait d’ajouter les décès en mer recensés depuis le début des conflits. 5350 personnes sont mortes en Méditerranée en 2015. La tragédie continue, sous l’indifférence et la condescendance collective. Ce chiffre ne prend pas en compte tous les morts anonymes dans le désert du Sahara où des milliers d’africains subsahariens périssent de soif, de faim et de maladies en fuyant des régimes dictatoriaux.

Si ces morts sont comptabilisés, c’est parce que le drame se passe aux portes de l’Europe où les caméras assistent, impuissantes, à un drame humain sans précédent. Dans le luxe douillet de nos salons, nous ignorons que des enfants, des femmes et des hommes meurent tous les jours sous les bombes, les drones et les mines des belligérants surarmés. Tous les civils et guerriers morts en guerre ne se comptabilisent pas. Le chiffre serait effarant.

N’est-il donc pas légitime de nous poser des questions sur les origines des guerres en cours ? Qui a déclenché ces guerres ? Quelles en sont les motivations ? Qui arme les états et les terroristes ? Qui finance les guerres ? Toutes ces questions sont sans réponse. Du moins, nous les occultons pour nous donner bonne conscience.

Les réfugiés et migrants vont continuer encore à frapper aux portes de l’Europe en crise. Ils sont classés en deux catégories :
- Les populations en guerre au Moyen Orient ;
- Les populations d’Afrique subsahariennes qui fuient les régimes corrompus et prédateurs.

Dans une Europe où la montée des populismes s’exprime librement au nom de la liberté d’une parole décomplexée, les réfugiés sont les mal venus. Il faut reconnaître que la vieille Europe est en crise économique et sociale. Le chômage s’est installé avec son lot de précarité. La misère est devenue visible. Pourquoi s’étonner de l’hostilité des couches sociales qui peinent à arrondir leur fin de mois ?

L’Hypocrisie collective des gouvernants du monde

Les pays en guerre continuent à acheter des armes. Qualifiés d’insolvables, ces régimes dictatoriaux portent la responsabilité des errances de leur peuple. Le Moyen Orient s’embrase. La paix ne sera jamais au rendez-vous tant que les peuples seront soumis à des modèles de gouvernance imposée par les grandes puissances.

En Afrique subsaharienne, les jeunes s’exilent car les états ne proposent aucune alternative aux forces vives. L’insécurité galopante traduit l’incapacité des dirigeants à mettre en place des projets innovants et créateurs d’emplois, L’Afrique est toujours soumise aux projets ruineux de la Banque Mondiale et du FMI qui contribuent à son sous-développement.

Nous ne nous posons pas de bonnes questions sur toutes ces guerres qui détruisent notre humanité. A qui profitent ces guerres ? A l’origine, l’Occident a voulu imposer des régimes « démocratiques » et mettre fin à des dictatures méthodiquement discriminées. Certes, tous les peuples aspirent à la liberté. L’idée est bonne, mais les intentions sont douteuses.

Les guerres déclenchées et soutenues au départ se transformaient en carnage, au regard des résistances en place.

L’enlisement des conflits conduit à l’épuisement. Les civils sont traqués alors qu’ils ne demandent qu’à vivre en paix. D’ailleurs, nous remarquerons que les pays en guerre ne sont pas plus infréquentables que certains états épargnés, dociles et soumis.

Aux portes de l’Europe, nous découvrons soudain des pakistanais, des afghans, des libyens, des nigérians, des maliens, des soudanais, des éthiopiens, des ivoiriens, des camerounais, des somaliens, des irakiens, des congolais, des ivoiriens, etc.

Tout ce monde ne fuit pas la guerre. Les régimes en place encouragent implicitement ces errances car ils ne proposent plus rien à leur jeunesse.

Les guerres ne profitent qu’aux marchands d’armes. Elles affectent les projets de développement des pays « pauvres » et freinent dangereusement le commerce mondial. Aucune relance économique viable n’aura lieu tant que les conflits en cours ne s’essouffleront pas.

Il serait alors sage de dénoncer la fuite en avant des marchands de canons qui justifient les guerres en cours comme une menace à la paix et à l’équilibre du monde. Mais, notre hypocrisie collective, autrefois dénoncée par les intellectuels, occulte les vrais questionnements qui étouffent les vérités. Et celles-ci sont de plus en plus vénéneuses.



Par Michel Lobé Etamé
Journaliste
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