Démographie : la population mondiale sera-t-elle bientôt en déclin ?
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S’il y a bien une notion avec laquelle nous sommes tous familiers, dans le domaine de la démographie, c’est l’explosion. L’explosion démographique. Nous sommes de plus en plus nombreux sur terre, nous serons 10 milliards en 2050, la population ne cesse de croître, et avec elle, la pression sur la planète.

Il apparaît en fait que cette explosion n’est pas inéluctable. Certains démographes prévoient même une diminution de la population mondiale. Une décroissance démographique. Une étude de l’Université de Washington, publiée par le Lancet l'été dernier et mentionnée par le magazine Science et Vie, prévoit un pic à 9,7 milliards en 2064, puis une décroissance jusqu’à 8,8 milliards en 2100.

La poursuite de la croissance démographique mondiale au cours du siècle n’est plus la trajectoire la plus probable pour la population mondiale", déclarait le Dr Christopher Murray, qui a dirigé la recherche.

La poursuite de la croissance démographique mondiale n’est plus la trajectoire la plus probable pour la population mondiale.

Selon cette étude, vingt-trois pays perdraient plus de la moitié de leur population, dont le Japon, la Thaïlande, l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Corée du Sud. Tandis que dans trente-quatre autres pays, dont la Chine, le nombre d’habitants diminuerait de 25 à 50%.

Taux de fécondité en baisse

Pourquoi une telle baisse ? A cause de la diminution du taux de fécondité. Pour les chercheurs de Washington, d’ici à 2100, presque tous les pays (183 sur 195) auront un taux de fécondité (nombre moyen d’enfants par femme) inférieur au seuil de remplacement des générations (2,1 naissances par femme).

Il est vrai que les taux de fécondité ont déjà commencé à baisser partout dans le monde, depuis 1950, et l’Europe, notamment, est déjà passée en dessous du seuil de remplacement.

C’est aussi le cas du Brésil ou de la Chine (1,7). L’Inde, elle, est à 2,2. “La seule zone où les taux de fécondité se maintiennent, c’est la zone intertropicale entre le Sahel et le Zambèze (fleuve au sud de la Zambie), précise Hervé Le Bras, chercheur émérite à l’Institut national d’études démographiques (INED) et historien français. Le Niger par exemple est à 7 enfants par femme. Mais ce n’est pas une zone énorme.”

“Les pays en voie de développement vont probablement suivre, explique Marie Vandresse, démographe au Bureau fédéral du plan. On assiste depuis quelques années dans ces pays à un phénomène de transition démographique : il y a une baisse de la mortalité infantile, qui est suivie par une baisse de la fécondité. Avant, on compensait une mortalité infantile forte par une forte natalité. Si la mortalité baisse, il n’est plus nécessaire de faire autant d’enfants.” La mortalité diminue notamment grâce aux progrès de la médecine, et la fécondité diminue principalement grâce à l’éducation des jeunes filles, et à l’accès à la contraception.

Le problème, c’est qu’au-delà de 2070 les scénarios deviennent vraiment très hypothétiques.

Marie Vandresse tient pourtant à nuancer : “Une baisse de la fécondité dans les pays en voie de développement, ne se traduira pas par une diminution immédiate de la population, parce qu’il y aura toujours beaucoup de femmes en âge de procréer. Dans les quarante prochaines années, il y aura donc encore une dynamique positive dans ces pays. La décroissance de la population, ce n’est pas pour tout de suite ! Pas avant 2070 ou 2080. Le problème, c’est qu’au-delà de 2070 les scénarios deviennent vraiment très hypothétiques.”

L’étude américaine concède en effet que la population de l’Afrique subsaharienne devrait tripler au cours du siècle, en raison de la baisse des taux de mortalité, et du nombre croissant de femmes en âge de procréer. C’est ce qui ferait qu’il y aurait tout de même encore près de 9 milliards d’habitants sur terre en 2100, un chiffre qui serait malgré tout en baisse par rapport au pic prévu en 2064.

Pour Bruno Schoumaker, professeur de démographie à l’UCLouvain, une baisse démographique est possible, mais ce n’est qu’un scénario parmi d’autres. Un scénario qui se base sur la projection d’un très faible taux de fécondité. Or, explique-t-il, les variations de population selon le taux de fécondité choisi sont énormes : “Une différence de 0.5 enfant par femme engendre une différence de 4 à 5 milliards de personnes au niveau de la population mondiale.”.

Le taux de croissance de la population en baisse

D’autres chercheurs sont pourtant certains que la population finira inexorablement par baisser. Hervé Le Bras est de ceux-là. Mais, au lieu de se baser sur des hypothèses de fécondité, de mortalité, ou de migration plus ou moins valables, il recourt à une autre méthode : “On a l’habitude de montrer un graphique de la population avec les années en abscisses et le nombre d’habitants en ordonnées. Avec un tel graphique, on ne peut qu’avoir l’impression que la population va continuer à augmenter. Moi, je propose plutôt de regarder le taux de croissance de la population mondiale !”

Il était de 2,1 pour cent dans les années 1970. Aujourd’hui, il est d’un pour cent, soit deux fois moindre. “Si on poursuit cette courbe, elle atteint zéro pour cent entre 2065 et 2070. La population commencerait alors à décroître” , conclut le démographe français.
Le nombre est encore vu comme un signe de puissance

Certains pays, dont la Belgique, gardent une population croissante grâce à l’immigration internationale. Mais dans d’autres pays, la décroissance est déjà bien réelle (et met du coup tous les démographes d’accord). C’est le cas du Japon, de la Bulgarie ou de la Roumanie, par exemple.

Le nombre est encore vu comme un signe de puissance. "Le destin de la Russie et sa perspective historique dépendent de notre nombre", a dit Vladimir Poutine. Des pays comme la Russie, ou l’Iran ont déjà mis en place des politiques de natalité, via des incitants financiers, ou carrément en restreignant l’accès à la contraception et à l’avortement.

La protection des droits et des choix reproductifs des femmes sera cruciale dans cette transition démographique.

C’est sans doute ce qui fait dire au Docteur Natalia Kanem, directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population, en réaction à l’étude publiée dans le Lancet :"Si les modèles, les projections et les calendriers des différentes institutions peuvent varier, tous les signes indiquent une baisse de la fécondité mondiale. La protection des droits et des choix reproductifs des femmes sera cruciale dans cette transition démographique.”

Pour Marie Vandress, il est difficile de lutter contre l’évolution démographique. “Personnellement, je pense que, que ce soit en matière de fécondité ou de migration, c’est compliqué, précise-t-elle. Si on ferme les frontières, les individus vont trouver d’autres manières de migrer. Les politiques familiales ne vont pas faire en sorte que l’on fasse plus ou moins d’enfants, mais elles vont plutôt aider les couples à faire le choix qu’ils veulent faire, à faire un deuxième enfant par exemple s’ils savent qu’ils seront soutenus.” Il y a en fait une énorme inertie dans l’évolution démographique.

Et pour la planète ?

Est-ce qu’une décroissance de la population pourrait profiter à notre planète ? A un niveau global, explique Bruno Schoumaker, il est évident que si la population baisse, toutes choses étant égales par ailleurs, la consommation des ressources naturelles et les émissions de gaz à effet de serre devraient diminuer. “Mais il faut surtout que la consommation n’augmente pas !” Et ça, ce n’est évidemment pas garanti.

Si la décroissance se confirme, elle se combinera avec un vieillissement de la population. Les défis ne manqueront pas. Il faudra s’adapter “c’est aussi à ça que servent les projections démographiques”, conclut Bruno Schoumaker.

mardi 6 avril 2021

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