L’Union Africaine est-elle une coquille vide ?
Par Michel Lobé Etamé

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Le dernier sommet de l’Union Africaine (UA) qui s’est tenu du 29 au 30 janvier 2018 à Addis-Abeba en Ethiopie nous laisse à notre faim. Pour la sempiternelle occasion, ce sommet n’a accouché d’aucune résolution susceptible de changer les modèles de gouvernance de notre continent ou d’y apporter des solutions pour se prémunir des griffes des prédateurs qui surplombent nos têtes.

Nos chefs d’états et de gouvernements, comme à leur habitude, ont défilé à la barre pour signifier leur présence à la grande messe en ce début d’année. Leur discours récurrent sonne comme un glas. Il est à l’image des gouvernances usées et viciées qui n’ont plus rien à offrir ni à proposer à leur peuple. Cette impuissance démontre au moins une chose. L’Afrique actuelle est dirigée par des femmes et des hommes en manque d’ambition. Le seul souci qui les anime est et reste l’exercice du pouvoir.

Les sujets ne manquent pas pour réveiller les consciences de ces dirigeants sans audace ni fierté. Toute honte bue, ils continuent à pérorer, avec des accents de victimisation, pour une Afrique conquérante. Cette grande messe aux allures de conquistadors laisse perplexe depuis des années des populations qui continuent à s’enfoncer dans la misère et l’assistanat.

Des voix se sont élevées pour faire fonctionner cette machine grippée qui s’enraye. Oui, l’Union Africaine n’a pas les moyens de sa politique. Et pour cause ! Ses caisses sont vides, ou plus exactement, les états ne se sont jamais acquittés de leurs cotisations. La réforme de cette institution est pourtant vitale car elle est dénoncée pour son manque d’ambition et d’efficacité.

Sur le plan structurel, l’Union Africaine ressemble, à s’y méprendre, à l’Union Européenne. Du copie/collé, me direz-vous. Jusque là tout va bien. Mais le fonctionnement est grippé par une lourdeur administrative qui la paralyse. L’Union Africaine est à l’image des états, avec de belles cartographies, mais sans aucune efficacité. Le monde extérieur regarde avec ironie cette structure. Une coquille vide !

Prendre ses responsabilités

Le président sortant, Alpha Condé de Guinée, laisse à son successeur, Paul Kagamé du Rwanda, un héritage qui n’en est pas un. Rien de concret n’a été fait car cette institution est sous perfusion. Ses caisses sont vides et elle ne peut prioriser des mesures urgentes de politique étrangère et peser de tout son poids pour des décisions souveraines. Paul Kagamé sera-t-il différent de ses prédécesseurs ? Souhaitons lui bon vent.

Pour peser sur la scène internationale, il faut avoir les moyens matériels et financiers. A défaut, l’Afrique pourrait mutualiser ses forces. Or, dans les deux cas, elle est divisée, égoïste et malléable à souhait. Ses partenaires le savent et en profitent.

Le fonctionnement de l’Union Africaine est assuré à 80% par Des contributions extérieures. Ce chiffre ferait sursauter plus d’un. Mais il n’a jamais inquiété nos dirigeants habitués à l’assistanat qui les prive de leur souveraineté.

Paul kagamé ne sera pas l’homme providentiel. En un an, il ne pourra mettre fin à la léthargie qui anime l’institution. Mais il pourra remuer le terreau pour obliger les uns et les autres à prendre leurs responsabilités. Car sans argent, l’Union Africaine qui reste une lourde institution bureaucratique, ne peut décoller.

Pour cela, il peut se référer aux dernières conclusions du sommet pour l’autofinancement de l’Union Africaine et l’instauration de la zone de libre-échange sur tout le continent. Ce projet est ambitieux, mais il est réaliste. Il conditionne la souveraineté du continent pour faire fi aux défis de la mondialisation et du protectionnisme en marche en Occident.

L’autofinancement de l’Union Africaine est une épreuve qui engage tous ses membres car il assure le fonctionnement de cette institution jusque là moribonde. Au-delà, il y a le libre-échange qui garantira la stabilité des prix et une saine concurrence et la mutualisation des forces.

La proposition de président AlPha Condé de la Guinée est réaliste. Le prélèvement d’une taxe de 0,2% sur les importations éligibles en Afrique et la création d’une zone de libre-échange permettraient l’autofinancement de l’UA. Les membres de l’UA accepteront-ils enfin de prendre leur responsabilité ?

Cette proposition a de nombreux avantages. Elle garantit la souveraineté de l’Afrique qui reste soumise aux injonctions de ses partenaires occidentaux dont les appétits sont toujours plus voraces. Elle libère les énergies du continent à développer et à produire des marchandises et des biens pour un marché qu’elle maitrise. Il en résulte une stabilité des prix, une émulation saine et ambitieuse.

L’Afrique traverse chaque jour des courants parasitaires. Elle en est consciente et sa population commence à grogner. Elle sera incontrôlable si les dirigeants actuels ne prennent pas en compte les mutations technologiques et sociaux en cours.

Le vœu de voir une Afrique conquérante est aussi conditionné par les modes de gouvernance. Les dictatures en cours qui s’éternisent au pouvoir par des élections truquées n’ont aucun avenir sur le continent. Elles ne peuvent éternellement bafouer leurs constitutions sans rendre des comptes à une jeunesse de plus en plus politisée et éveillée.


Par Michel Lobé Etamé
Journaliste
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vendredi 2 février 2018

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