Esclavage en Mauritanie : Ce silence coupable qui déshonore l’Afrique
Par Michel Lobé Etamé

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Nous ne pouvons pas dire que nous ne savions pas. L’information a fait la une des journaux à travers la planète. La période estivale qui s’achève et les jeux olympiques au Brésil ne sauraient expliquer le silence des intellectuels africains et de leurs dirigeants face au destin scellé de la population noire martyrisée depuis des millénaires par la caste esclavagiste au pouvoir en Mauritanie. Ces combattants de la liberté croupissent dans les geôles chaudes, humides et infestées de moustiques de la prison de Nouakchott dans l’indifférence totale du monde extérieur.

Un silence lourd de conséquence a couvert la condamnation, au mois d’Aout, de treize militants de l’ONG anti-esclavagiste mauritanienne IRA. Ses membres dont le combat est juste, sont accusés de violence. La parodie de justice de cet état renégat est intolérable, injustifiée et immorale. Trois à quinze ans de prison ont été requis contre des hommes d’honneur.

Une honte que nous ne saurions couvrir

Le tort des combattants anti-esclavagiste est de poursuivre une lutte pour la liberté qui est droit fondamental des êtres humains. L’Onu qui garantit la souveraineté des états a toujours occulté la pratique étatique de l’esclavage en Mauritanie. Mais, que dire de l’Union Africaine qui condamne dans sa charte l’esclavage ? L’Union Africaine pourrait-elle se soumettre à l’expertise et à la critique sur l’esclavage des noirs en Mauritanie ? Une récurrence qui devrait interpeller l’Afrique tout entière mais dont les échos ne résonnent nulle part. Nous abandonnons à leur sort des enfants, des femmes et des hommes qui ont le tort d’être noirs dans un état islamiste et ségrégationniste. Tout cela se passe en Afrique. Un continent qui a lutté pour son indépendance et qui n’a pas conscience que ses enfants continuent à porter un joug au coup.

Nous croyons toujours révolues ces histoires qui se racontaient au coin du feu et qui diabolisaient les européens sur la traite des noirs. Aujourd’hui encore, les jeunes filles sont violées par des maîtres maures qui jouissent du droit d’en faire des esclaves sexuelles, des maitresses de l’ombre. Ces actes sont perpétrés devant leurs parents depuis des millénaires. La liberté si chère que nous revendiquons n’a jamais traversé les murs souillés de sueur des esclavagistes en Mauritanie.

Il serait illusoire d’ignorer le martyr séculaire des populations noires de ce pays. Cette vérité est évidente. Nous n’osons pas en parler. La honte n’est pas du côté de ces malheureux. La honte est dans notre camp.

En effet, les millions de dollars déversés par les pays arabes en Afrique pour la construction des mosquées, des écoles coraniques et pour l’enseignement de l’arabe font taire nos consciences stérilisées.

Dénoncer l’esclavage en Afrique et dans le monde est un droit civique. La honte est-elle si forte que nous n’osons en parler ? Nous avons un devoir envers cette population. Nous devons dénoncer un régime qui fait honte à l’humanité tout entière. Mais, qu’est-ce qui peut bien expliquer notre silence, notre indifférence ?

L’abolition de l’esclavage en Mauritanie est une urgence

Les autorités mauritaniennes ne sont pas prêtes à abolir l’esclavage. Cette pratique est basée sur des fondements religieux dont l’interprétation est douteuse. Mais, peu importe! La liberté est un droit fondamental dans la Chartres des Nations-Unies. La radicalité des militants anti-esclavagiste en Mauritanie est largement justifiée et encouragée dans un pays où l’on est condamné d’avance par la couleur de sa peau. Les dirigeants africains ont-ils conscience des pratiques en cours ? Ils ne peuvent l’ignorer. Comme d’habitude, ils font profil bas.

Coincés dans notre posture de confort de nos salons climatisés, nous ne pouvons ignorer que la lutte contre l’esclavage est un devoir de mémoire. La honte est dans notre camp car nous accueillons quotidiennement nos bourreaux. Nous trinquons avec eux, au grand dam de tous ceux qui souffrent de l’esclavage à travers le monde. Nous n’avons point d’yeux pour tous ces enfants qui confectionnent nos habits, nos chaussures et nos téléphones portables pour une bouchée de pains. Notre culpabilité est évidente. Nous sommes tous des collaborateurs.

Oserions-nous encore accuser l’Europe esclavagiste ? Nous pensions que l’esclavage s’est pratiqué en Amérique. Nous avons torts. Depuis la nuit des temps, il se pratique toujours en Afrique. Les lamidos islamistes du Cameroun ont toujours dans leur cour des enfants, des femmes et des hommes traités comme du bétail. L’esclavage est parmi nous. Ne feignons pas de l’ignorer.

A quoi aurait donc servi la longue lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud quand nous ne sommes pas capables de libérer des êtres humains sur notre continent ? L’esclavage est un crime contre l’humanité. La Cour Pénale Internationale (CPI) ignore-t-elle ce dossier brûlant ?




Par Michel Lobé Etamé
Journaliste
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vendredi 9 septembre 2016

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Commentaires

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Par  le 12/09/2016
Bonjour Michel, Je voulais spécifier, mais tu le sais probablement, que Leonora MIANO, d'origine camerounaise je crois, écrit des livres sur son pays et les circuits contraints que suivent les filles rejetées par leur famille ou tombant sous la coupe de "prédicateurs" douteux. Ce commerce honteux les rendant dépendantes est une forme d'esclavage comme il y en a tant d'autres . Toutes ces pratiques sont institutionnalisée de facto et cela est désespérant. Malgré tout, les ONG essaient de tenir bon. A bientôt,
Par Michel le 10/09/2016
Toujours le même désespoir... https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2005-3-page-93.htm
Par ERIC le 09/09/2016
C’est déjà assez lourd comme ça! Merci de répandre cette bonne parole dénonçant cette engeance qui se répand en Afrique, comme une bombe à retardement pour faire de ces esclaves aujourd’hui des petits soldats terroristes demain. Oui, il faut lutter contre le racisme en Afrique. Un seul leitmotiv pour lutter contre l’abêtissement : s’opposer à l’islamisation là-bas comme ici.


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