Les dérives autoritaires des pouvoirs monarchiques en Afrique
par Michel Lobé Etamé

Envoyer
Imprimer Commentaires - Ajouter1 713 Diminuer la taille de la police Augmenter la taille de la police
#####
 

Le coup d’Etat en Guinée nous interroge à juste titre. Passés les applaudissements de la rue et les condamnations, la destitution d’Alpha Condé, monarque parmi les monarques, montre une fois de plus les faiblesses de notre sécurité intérieure que nous confions à nos détracteurs de la françafrique et le recul de notre souveraineté indispensable au développement.

Si le départ d’Alpha Condé est justifié sur le plan institutionnel, son remplaçant devrait donner des gages de garantie. La prise de pouvoir du nouvel homme fort de Conakry nous ramène, qu’on le veuille ou non, au parcours rocambolesque de Moussa Dadis camara dont le souvenir ne saurait glorifier la Guinée. Le pédigrée du nouveau Messi en Guinée, le Lieutenant-Colonel Mamady Doumbouya, ne plaide pas en sa faveur. En 2011, il était encore à la Légion étrangère en France qui est un corps d’armée réputé pour les opérations musclées. Et si Mamady Doumbouya, entré en Guinée en 2011 n’était que le bras armé ou une taupe de la françafrique ? La question devrait se poser car le Légion Etrangère est un nid de barbouzes.

Alpha Condé s’est fait piéger. Pour renforcer sa garde prétorienne, le despote, qui a rempli ses prisons d’opposants politiques, a fait appel à ses amis français qui lui ont recommandé le légionnaire de l’armée française, Mamady Doumbouya. Il a fait entrer un loup dans la bergerie et il en assume les conséquences.

Mais ce qui surprend l’homme de la rue, c’est l’habilité et la rapidité des « amis de l’Afrique » à dénoncer un acte insensé qui remet en cause un « pouvoir légitime ». Dans cet exercice loufoque, on trouve aux premières loges les gouvernements en Occident. Ils sont suivis par l’ONU, l’Union Européenne, les Etats-Unis, l’Union Africaines, la CEDEAO, etc. Le concert des condamnations est unanime pour dénoncer un acte barbare qui égratigne la démocratie.

L’hypocrisie est ici à son comble. Pourquoi faudrait-il continuer à soutenir des régimes dont l’oppression n’a d’égal ? L’Afrique est aujourd’hui confrontée à une jeunesse qui veut vivre et s’impliquer dans la gestion du patrimoine national. Or les dirigeants actuels, c’est-à-dire les monarques de service, continuent à diriger les Etats comme au siècle dernier. Ils le font avec la complicité des maîtres occidentaux car ils ne sont que les gardiens des ressources minières et agricoles exploitées par les multinationales. La frustration du citoyen n’est rien d’autre qu’une bombe à retardement qui finira par exploser car la jeunesse africaine est de plus en plus résiliente.

L’empressement des organismes internationaux à condamner le coup d’Etat en Guinée ne devrait donc pas surprendre la jeunesse africaine. Ces gardiens du temple ont le même objectif : maintenir au pouvoir des affidés. Faut-il déduire que ceux qui soutiennent ces régimes sectaires sont inconscients ou aveugles ? Qui peut, à l’heure actuelle, ignorer les drames en Méditerranée ? Qui est responsable des crimes économiques dans un continent où seuls 3% de la population est vaccinée contre la Covid-19 ?

Certes, les coups d’Etat sont condamnables dans une démocratie. Mais dans les autocraties, ils restent la seule issue pour se débarrasser des potentats irascibles qui s’accrochent au pouvoir, au mépris de leur constitution, malgré l’âge, l’incompétence et le manque de discernement.

Alpha Condé doit rendre des comptes au peuple. Les injustices et la gabegie des pouvoirs ne peuvent être éternellement étouffés. Alpha Condé le savait. Mais il ne pouvait plus échapper à son destin car il a trahi tous ceux qui voyaient en lui un homme de la « Sorbonne », ce haut lieu de la liberté et de l’épanouissement de l’être.

Les mandats de trop sont aussi condamnables que les coups d’Etat. Ils plongent le citoyen dans une agueusie politique qui fait sombrer les plus vaillants. La communauté internationale ne sort pas grandie par ses prises de positions grotesques. L’Afrique a le droit de choisir librement ses dirigeants. Il faut mettre fin à tous les interventionnismes dont le seul but est de vider l’Afrique de ses ressources et de la maintenir dans une pauvreté systémique.

Qui se souvient qu’en Guinée, lors du scrutin du troisième mandat de l’intellectuel autoproclamé Alpha Condé, un démocrate parmi les démocrates, la police avait sauvagement tué des citoyens au cours d’une manifestation pacifique ? Cette barbarie n’a pas eu d’écho. Plus d’une centaine de morts ! Un chiffre de cette envergure aurait fait sauter le plus incongru des dirigeants en Occident.

Les dérives autoritaires des pouvoirs monarchiques en Afrique conduisent inéluctablement à des coups d’Etat. Alpha Condé en paie le prix en attendant la prochaine proie que la communauté internationale condamnera et qui sonnera encore plus le crépuscule de l’Occident en Afrique.

Alpha Condé a été piégé par la répression qu’il a mis en place dans son propre pays. Celui qui vociférait sans vergogne qu’en Guinée il n’y aurait pas de troisième mandat s’est piégé lui-même. Il a été suivi par son ami intime, Alassane Ouattara. Sa machine de guerre s’est grippée. Il en porte la responsabilité. La chute de cet inoxydable peut-elle servir de leçon à tous nos trafiquants de constitution ? L’Afrique ne s’en porterait que mieux. Comme tous les dirigeants d’Afrique francophone, Alpha Condé, l’homme de la Sorbonne, souffrait du complexe du colonisé : il faut plaire à Paris pour exister.



Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant
Retrouvez l’éditorial sur notre site www.ekilafrica.com et laissez vos réactions avec modération.
Vous pouvez suivre tous les vendredis à 13h30 sur Radio Sud Besançon un débat d’actualité animé par Michel Lobé Étamé à cette adresse : http://radiosud.net/

vendredi 10 septembre 2021

Dans la même catégorie

Commentaires

Nom / Prénom / Pseudo
*
Votre email
*
Votre commentaires*
Le formulaire est verrouillé..
Cliquez ici pour désactiver la sécurité du formulaire

 
Par Munyabagisha w'Aabagisha le 13/09/2021
Bonjour cher Michel Comme d'habitude, ton édito sait produire de vives étincelles. Je t'en présente ici celles que je crois eternelles. 1. la communauté internationale. C'est qui ca? Où se loge-t-elle? Que fait'elle? Je crois quant à moi que la CI est un virus qui alimente la maladie du sommeil des Consciences chez les Colonisés (africains). Il faudra se convenir de l'exclure de notre lexique d'ensembles évoqués. 2. complexe du colonisé : il faut plaire à Paris Ce complexe est plus étendu que ce que montre le réquisitoire. Il plait a Paris, il plait à Ottawa, il plait à Londre, il plait à Rome,.... à LaMecque. Pire, il s'exprime uniquement dans la langue du colon, inutile de dire que celà sera rarement nécessaire. 3. homme de la « Sorbonne » Voici une autre face du complexe de colonisé. Sorbonne, Harvad, Hec,.... de tristes enfumoirs de cerveaux africains! Bonnes ecoles claironneront les Colonisés! Bonnes oui, mais pour qui, pourquoi? Pas étonnant que des africains diplômés en occident sommes les pires pions des colons. Pour moi, les seules bonnes ecoles doivent être 100% africaines, équipées ou pas, peu importe! 4. il était encore à la Légion étrangère en France. Comme Sengor, Houphouët, Bocassa, Kagame, ... Eux sont morts naturellement pour etre remplacés par la meme main du colon, clonés. 5. troisième mandat Quel mandat? Que comprendre du concept de mandat, du phénomène de 3e mandat? Dire que le comptage compte plus que le contenu du mandat. Y a-t-il veritable mandat? Mandaté par qui? Pour quoi accomplir? Le mandant etant le colon, le mandataire n'est que son pion. Pire, ni lui ni le peuple esclavagisé ne pourraient percer mystère dudit mandat étant malignement colonisés. 6. des potentats irascibles qui s’accrochent au pouvoir, au mépris de leur constitution. Potentats! Que peut-on attendre d'un potentat, diable, tyran? Normal qu'ils s'accrochent. Puissions nous eclairer leurs souches, et leurs attouts. L'attout numéro 1 est la constitution. Une constitution compostière. Qui sait ce qui va dedant, ce qui est de bon dedans? Le peuple l'ignore, les pseudo intellectuels, voir les bons pions de colons l'ignorent. Trouvez un seul pretendant president qui saurant s'abreuver au puit constitutionnel. Peut-on sérieusement invoquer la constitution pour soigner nos mots de colonisés? Oublions la constitution, elle ne nous ressemble pas, elle ne nous rassemblera pas! 7. condamner le coup d’Etat Il ne peut se produire un coup d'etat dans un Etat. Essayer n'interrompre la lumière sous la lumière du jour! Le phénomène de coup d'État opère un blanchiment des armes meurtrières, exogènes, colonisatrices. A-t-on vraiment besoin d'uniformes et armes à feu en Afrique? Lorsqu'elles ne tuent pas les citoyens qu'elles seraient censées protéger, elles les bernent pour qu'ils ne sachent résister aux envahisseurs, alors qu'elles s'effondrent au premier coup de canon. Patrtout, elles ne servent que les colons. 8. les dirigeants actuels, c’est-à-dire les monarques de service, continuent à diriger les Etats comme au siècle dernier. Depuis ce dernier siecle, en effet rien du contexte géopolitique n'a changé dans le bon sens. Au contraire, une nouvelle génération de ces robots monarques est actuellement à l'essai. Jettez un œil sur le palais presidentiel à Kigali. La mort silencieuse de Kagame permet la mise en service d'un robot virtuel et de quelques copies plastiques du tyran. Voyez vous où l'on est rendu! Au fond du trou. Nous ne sommes pas en mesure de detecter la disparition d'un président, et son remplacement par des mirages. Sommes nous dignes d'un État? 9. Opposants politiques,... Quelles politiques? Quels opposants? La tyranie ne fait pas ménage avec la politique, encore moins avec l'opposition. Oublions cette dernière, pensons plutôt "RÉSISTANCE" . et pour resister, sachons EXISTER. 10. recul de notre souveraineté Depuis, quand, où? A Berlin, 1885, notre souveraineté a ete dépecee, notre existance dénaturée. Depuis, nous trainons au cou les chapelets de testicules de nos anciens, venerons les colons pour les divisions frontalieres imposées aux Nations de nos ancêtres. Nous ne pouvons etre souverains, nous sommes assis sur l'assiette qui nourrit le colon, et dovons constamment eviter les coups de ses fourchettes, de ses fourches. QUE FAIRE? Repensons la NATIONde notre EXISTENCE. Intellectuels, à nos meninges! Envoyé de mon LG. Solaire _______________________________ Inzira ni ngufi ikaba inzitane. Munyabagisha w'Aabagisha www.munyabagisha.net


EBANDA Manfred 1935 - 2003 - Compilations 2013 des plus belles reprises d'AMIE (AMI OH) en téléchargement DouDouDiouf - Métropolicain en téléchargement Mr Dagher - Bénédiction en téléchargement DICK L'EPHPHATA - Je Gravirai les marches en téléchargement Ella SARA - All Glory to God en téléchargement
Princesse Ariane - Dimension Nouvelle en téléchargement Choeur Gospel Douala - en téléchargement FA DIESE - Au delà des frontières En téléchargement Rostand Mballa - Tu es ma préférée en téléchargement Mathématik - Soudée en téléchargement