SUISSE - Tribunal pénal fédéral: Un criminel de guerre présumé du Libéria comparaît à Bellinzone
AFP

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Le procès d’un ancien commandant rebelle libérien s’est ouvert jeudi en Suisse devant le Tribunal pénal fédéral. Le quadragénaire répond notamment du meurtre de civils et de soldats désarmés.

Un ex-commandant rebelle libérien, Alieu Kosiah, accusé d’avoir commis des atrocités entre 1989 et 1996 pendant la guerre civile dans son pays, est jugé à partir de jeudi en Suisse, un procès doublement historique. Aucun Libérien n’a été condamné jusqu’ici, dans son pays ou à l’étranger, pour des crimes de guerre commis pendant la guerre civile au Liberia.

En outre, comme l’explique Human Rights Watch (HRW), Alieu Kosiah «est le premier individu à être jugé pour crimes de guerre par un tribunal pénal non militaire en Suisse». Un des principaux acteurs du conflit, l’ex-chef de guerre devenu président (1997-2003) Charles Taylor, avait été condamné en 2012 pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone, voisin du Liberia, mais il n’a pas été inquiété pour les atrocités commises dans son propre pays d’Afrique de l’Ouest.

Détenu depuis novembre 2014

Alieu Kosiah, 45 ans aujourd’hui, s’est présenté devant la cour en compagnie de son avocat d’office, Me Dimitri Gianola. L’accusé est détenu depuis novembre 2014 après son arrestation. Il est actuellement retenu à la prison régionale de Berne. Interrogé par le président Jean-Luc Baechler, il a souligné qu’il était en prison «depuis six ans et un mois».

Le Libérien répond du meurtre de civils et de soldats désarmés, commis par lui-même ou les hommes qu’il avait sous ses ordres. Il est accusé aussi d’avoir violé une femme et d’avoir profané le corps d’un civil en mangeant son coeur.

Alors qu’il commandait un groupe de la faction armée ULIMO (United Liberation Movement of Liberia), l’homme aurait forcé des civils à transporter des marchandises dans des conditions inhumaines. Durant ces trajets, des porteurs auraient été exécutés ou battus.

250’000 morts

Le conflit au Libéria, l’un des plus atroces survenus sur le continent africain, a fait quelque 250’000 morts entre 1989 et 2003. La plupart des commandants des différents groupes armés ont fui le pays après la guerre. Kosiah, qui vivait en Suisse depuis 1999 selon HRW, a été arrêté fin 2014, à la suite de plaintes pénales déposées par des victimes.

La Suisse, qui reconnaît le principe de justice universelle, a été appelée à traiter plusieurs affaires relevant de la justice internationale, mais c’est la première fois qu’un criminel de guerre présumé passe devant une instance non militaire.

Utilisation d’enfants soldats

En raison de la pandémie de Covid-19, les questions préliminaires et l’audition d’Alieu Kosiah auront lieu à partir de jeudi et jusqu’au 11 décembre devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone, dans le canton du Tessin. Mais les victimes, qui résident en Afrique, ne seront pas entendues avant 2021.

L’organisation Civitas Maxima, qui représente une partie des victimes, entend toutefois demander le report de l’audition de Kosiah à 2021. «C’est un dossier où Kosiah prétend qu’ils mentent tous et qu’il n’a commis aucun crime. Nous, nous voulons que ce débat contradictoire ait lieu», a expliqué à l’AFP Romain Wavre, avocat chez Civitas Maxima.

Le parquet fédéral helvétique accuse Alieu Kosiah d’avoir commis, entre 1993 et 1995, en qualité de membre de la faction armée ULIMO (United Liberation Movement of Liberia for Democracy), faction de groupes armés hostiles au mouvement de Charles Taylor (le Front national patriotique du Liberia, NPFL), plusieurs infractions constitutives de «crimes de guerre». À savoir: recrutement et utilisation d’enfant soldat, transports forcés, pillage, traitement cruel de civils, tentative de meurtre, meurtres (directement ou par ordre), profanation d’un cadavre et viol.

«Impunité»

En France, le parquet antiterroriste a récemment requis un procès aux assises contre un autre ex-commandant rebelle libérien, Kunti K., accusé d’actes de torture. «Alieu Kosiah et Kunti K. étaient les deux des commandants du même groupe armé – ULIMO – et combattaient au même moment dans le Lofa County au nord du Libéria», a expliqué Romain Wavre, de Civitas Maxima.

Plus de quinze ans après la fin du confit, un grand nombre de personnalités directement impliquées dans la guerre civile occupent toujours des positions importantes dans les sphères du pouvoir politique et économique. Les recommandations du rapport de la Commission vérité et réconciliation (TRC) publié en 2009 sont restées largement lettre morte, notamment au nom du maintien de la paix.

«Il y a une énorme frustration de beaucoup de victimes au Liberia parce qu’il y a une complète impunité qui règne dans ce pays quand il s’agit de la poursuite des crimes de guerre», a déploré le directeur de Civitas Maxima, l’avocat Alain Werner.

jeudi 3 décembre 2020

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