MAMA Africa, MOTHER Africa, terre chérie, berceau de nos aïeux, tes enfants t’aiment, mais souvent d’une drôle de façon. Berceau de la civilisation, tu es, au milieu des civilisations contemporaines, un cas particulier, une référence souvent difficile à exhiber, à porter, à expliquer.

Soyons simples, en demandant à notre vieille mère chérie : Afrique que t’arrive-t-il ? Nous n’allons pas larmoyer aujourd’hui sur le partage de 1884 à Berlin, ni sur la traite négrière, sur le colonialisme, la Françafrique ou les guerres fratricides. Il ne s’agit effectivement pas de victimisation aujourd’hui, mais de ce constat amer : est-ce que l’Afrique marche sur sa tête ?

C’est le continent le plus riche en matières premières, mais le plus pauvre en civilisation industrielle…

C’est le continent à la jeunesse la plus dynamique et la plus dense ; mais elle fout le camp, se sauve pour des Eldorados imaginaires qui deviennent son enfer.

Depuis ses soi-disant indépendances, ce continent s’est appauvri. Il a saigné et il continue de saigner. Les dictatures, les régimes autoritaires, les présidents à vie, les empereurs autoproclamés, font la honte de ce noble continent qui jadis connut une prospérité intellectuelle, culturelle et matérielle.

De l’apartheid de l’Afrique du Sud à celui de la Rodhésie, de la guerre du Biafra à celles, interminables, des Congos, des coups d’état sanglants aux endémies virulentes… malédiction ou fatalité ?

Des horreurs se passent au Cameroun, ce pays qui se veut l’Afrique en miniature. Des barbares ont assassiné et blessé toute une classe d’élèves. Ils égorgent, sans pitié, des citoyens camerounais, ils rançonnent la population locale. Hier encore, ils sont entrés dans une salle de classe, ont fait déshabiller tous les élèves et les enseignants, les ont battus, puis ont brûlé la salle de classe. Ces barbares d’un autre temps prétendent faire une guerre de sécession pour un pays qu’ils appellent Ambazoni. C’est absurde.

Puis, il y a de faux politiciens qui osent soutenir ces criminels et qui ont créé des cellules de soi-disant activistes en Europe. Ils se font appeler B.A.S., ce qui signifierait Brigade Anti Sardinards. Ils saccagent et pillent les ambassades du Cameroun en France, en Allemagne, en Belgique, en Suisse… Une de leurs branches, des femmes qui se font appeler les Amazones, manifeste les seins nus, ôtant parfois le bas, soi-disant pour revendiquer ce qu’elles-mêmes ne comprennent pas, ni les spectateurs non plus. Ah oui ! Elles demandent au président Biya de partir : « Biya must go ! ». Ces énergumènes vont agresser des ministres du gouvernement pendant des messes, dans les églises, et des diplomates pendant leur footing.

Ce qui fait peur, c’est que cette folie, ces incongruités, ces sauvageries, ces barbaries deviennent banalité ; peur vraiment que cela fasse partie d’une banalité et d’une médiocrité africaines ordinaires.

Comme dirait un ami, l’Afrique contemporaine attend des solutions et des remèdes venant des Africains eux-mêmes. En y réfléchissant bien, de tous ces concepts et ces réalités dont nous parlons depuis le début et qui troublent le continent, lequel d’entre eux est-il vraiment africain ou africaniste ? La traite négrière, la colonisation, les indépendances, le néocolonialisme, le capitalisme, le communisme, le sous-développement, le tiers-monde, le franc CFA, la mondialisation… tous ces concepts ont été conçus par les autres pour leurs intérêts en Afrique. Il est temps que nous concevions les nôtres, culturels, économiques…

François Zo’omevele Effa

vendredi 6 novembre 2020