Le beurre de karité, une ressource agricole trop peu exploitée au Nigeria
AFP

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Entourée de ses quatre enfants, Ladi Usman transvase une pâte de beurre de karité dans un pot en métal avant de le déposer dans le four de sa petite cuisine, au cœur d’un village du centre du Nigeria.

Elle remue le charbon de bois avec une tige en bambou et des émanations de fumées emplissent la pièce et piquent les yeux.

Ses gestes sont précis et automatiques : à 39 ans, Ladi concocte la même recette depuis plus de vingt ans pour faire vivre sa famille.

« Je vends cette pâte et avec l’argent, je peux envoyer mes enfants à l’école, ou payer pour leurs frais de santé, et le reste », explique-t-elle à l’AFP.

La mère de famille fait partie d’une coopérative d’une cinquantaine de femmes du village de Kodo, dans l’État du Plateau.

Le beurre de karité est consommé dans le monde entier, mélangé au chocolat, à la margarine ou à des huiles. En Afrique, il a toujours été utilisé pour ses vertus nourrissantes pour la peau, et les géants des industries cosmétiques s’y intéressent de plus en plus, aux dépens du beurre de cacao.

Le marché mondial devrait peser quelque 3,5 milliards de dollars d’ici 2028, selon l’organe de recherche de consommation Transparency Market.

Cette progression est une opportunité économique importante pour le Nigeria, qui est déjà le premier producteur d’amandes de karité au monde avec 350 000 tonnes par an.

Mais l’immense majorité de la production est absorbée par un marché local gigantesque de près de 200 millions d’habitants, et 10 % seulement de la production part à l’export, qui est pourtant un marché beaucoup plus lucratif.

Potentiel énorme

« Avec le nombre d’arbres de karité qui se trouvent au Nigeria, le pays pourrait produire jusqu’à 60 % de la demande internationale, le potentiel est juste énorme », se réjouit Aderemi Akpatira, présidente de l’Association nationale des produits de karité.

« Mais encore faut-il que le Nigeria s’organise pour prendre la tête de l’exportation », nuance-t-elle.

L’extraction de l’huile des noix de karité est un processus lent et laborieux, sur plusieurs étapes, qui demande une expertise et du matériel industriel.

Les femmes du collectif de Kodo ramassent les noix, défont la pulpe, les lavent et les torréfient dans des fours artisanaux pour empêcher qu’elles ne germent.

Une partie sera transformée en huile puis en beurre de karité, mais même à cette étape de fabrication, particulièrement fastidieuse, les prix sont très bas.

Les négociants qui arpentent les villages pour revendre les produits en ville, ou à des compagnies industrielles, font exploser leur marge, sans aucun contrôle, ce qui représente un manque à gagner important pour la localité de Kodo.

« Les négociants achètent notre production et partent la vendre dans les autres villes », regrette Maryam Aliyu, la responsable de la coopérative agricole. « Ils nous l’achètent l’équivalent d’un dollar le litre et le revendent au moins 5 dollars ».

Marché international exigeant

Le président Muhammadu Buhari a fait la promesse de diversifier l’économie du pays, presque exclusivement basée sur les revenus pétroliers et notamment de dynamiser le secteur agricole qui s’est totalement effondré depuis la découverte de l’or noir dans les années 1960.

Le karité pourrait être une source de revenue cruciale et depuis le mois de juin, The Nigeria Agribusiness Register, une société de conseils pour le secteur agricole, a mis en place des passerelles d’investissements pour encourager le développement de ce secteur.

« On estime que le Nigeria pourrait récupérer jusqu’à deux milliards de dollars chaque année en exportant le karité », explique à l’AFP Roland Oroh, directeur pour la société. « Il faut que nous puissions exploiter ce potentiel ».

Mais envisager l’exportation signifie aussi augmenter la qualité de la transformation, pour un marché international plus exigeant.

« Certains de nos produits qui étaient partis vers l’Europe ont été renvoyés car ils ne répondaient pas aux standards internationaux », confie Christopher Chuwkuemeka, à la tête d’une entreprise de transformation à Jos, la capitale de l’État du Plateau.

« Nous devons déjà nous former sur l’aspect scientifique de la production avant d’envisager l’exportation », dit-il.

mardi 3 décembre 2019

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