Rwanda : les plaies demeurent vives, 25 ans plus tard
AFP

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Bien qu'un quart de siècle jour pour jour se soit écoulé depuis le début du génocide rwandais, les plaies demeurent vives, et beaucoup reste à faire pour permettre au petit pays africain de surmonter durablement ce macabre héritage.


« Je ne pense pas que ce qui est arrivé peut se digérer sur une période aussi courte que 25 ans », souligne en entrevue Charles Mugiraneza, qui est le gestionnaire des programmes Afrique pour l'OEuvre Léger.

Les violences au Rwanda ont éclaté en avril 1994 après l'attaque meurtrière contre l'avion ramenant à Kigali le président Juvénal Habyarimana.

Le coopérant d'origine rwandaise n'était pas dans le pays lorsque les violences ont éclaté en avril 1994 après l'attaque meurtrière contre l'avion ramenant à Kigali le président Juvénal Habyarimana.
Il a cependant pu constater de visu deux ans plus tard lors d'une mission humanitaire l'ampleur des dommages matériels et humains causés par la crise.

« Quand je suis arrivé, on a visité des églises où il y avait encore du sang sur les murs. »

- Charles Mugiraneza

Des extrémistes hutus ont orchestré l'extermination de plus de 800 000 Tutsis et Hutus modérés avant que les rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) ne prennent le contrôle du pays.

Leur avancée a entraîné à son tour un exode de Hutus, innocents et génocidaires, vers le Congo voisin, où de violents combats ponctués de multiples tueries ont suivi.

Pénible réconciliation

Le nouveau gouvernement mis en place à Kigali sous la gouverne du leader du FPR, Paul Kagame, a eu fort à faire pour pallier les ressources perdues et relancer l'État, note M. Mugiraneza.

Le principal défi était cependant de réconcilier Hutus et Tutsis, souligne le représentant de l'OEuvre Léger, qui insiste sur l'effort fait par l'administration pour construire une identité nationale commune allant au-delà des constructions ethniques héritées de l'époque coloniale.
« Bien qu'ils essaient de déconstruire la notion de division ethnique, c'est quand même une réalité ancrée dans la tête des gens. Ça va prendre beaucoup de temps pour y parvenir », relève M. Mugiraneza, qui salue les efforts faits par le gouvernement pour intégrer des représentants hutus au sein de l'exécutif et du Parlement.

Lewis Mudge, analyste de Human Rights Watch (HRW), qui a été basé plusieurs années au Rwanda avant d'être refoulé en 2018 par le régime, note que le Parlement rwandais n'a pas de réel pouvoir. Sa composition ethnique, dans ce contexte, a une portée limitée, dit-il.

Le « vrai pouvoir » demeure l'apanage de Paul Kagame et d'une petite minorité de ses proches collaborateurs, relève M. Mudge, qui dénonce les dérives antidémocratiques de l'homme fort rwandais.

Le président, note M. Mudge, a réussi à relancer le pays sur le plan économique depuis le génocide, mais aucun essor de cette nature n'a été constaté sur le plan des libertés individuelles.

Il y a très peu de place pour critiquer les politiques de l'État, la liberté d'association est pratiquement inexistante, et le système judiciaire « n'est pas indépendant » dans les causes importantes pour le régime, relève l'analyste.

Selon Human Rights Watch, le régime a souvent utilisé le prétexte de la lutte contre les divisions ethniques pour persécuter et faire taire des membres de l'opposition.

Des crimes impunis

Sur le plan juridique, beaucoup a été fait pour identifier et juger les responsables du génocide. Des dizaines de personnalités hutues importantes ont été jugées par le Tribunal pénal international pour le Rwanda ou par des pays étrangers en vertu du principe de juridiction universelle. De multiples procès ont eu lieu au Rwanda, et des tribunaux populaires, les gacacas, ont aussi été utilisés.

Le hic, souligne M. Mudge, est que les crimes commis par le FPR lors de son avancée vers la capitale en 1994 n'ont jamais été jugés.
Human Rights Watch estime que « des milliers de civils essentiellement hutus » ont été tués sans que personne soit appelé à en rendre compte.

Ces « crimes de guerre et crimes contre l'humanité » ne sont pas comparables par leur importance au génocide, mais l'on doit aussi en tenir compte pour rendre justice aux victimes et favoriser la réconciliation nationale, relève M. Mudge.

Les exactions à grande échelle survenues au Congo dans les années suivant le génocide sont aussi restées largement impunies, souligne-t-il.

Le rôle des puissances étrangères dans le génocide est un autre sujet épineux un quart de siècle plus tard. Kigali accuse la France, qui soutenait activement le régime Habyarimana au début des années 90, d'avoir continué à aider les extrémistes une fois que les exactions ont commencé.

Paris continue de nier énergiquement toute responsabilité à cet égard, mais le débat continue, même en France, où plusieurs militaires ont remis en question la version officielle des autorités.

M. Mugiraneza espère que ce dossier important connaîtra un dénouement positif dans un avenir rapproché.
« Il faudrait à un certain moment pouvoir avancer en se concentrant sur les partenariats possibles plutôt qu'en continuant le dialogue de sourds », relève-t-il.

Plus jamais ça ?

Après le génocide rwandais en 1994, la communauté internationale avait juré que de telles situations ne devraient plus jamais se produire. Les exactions perpétrées au cours des dernières années contre les Rohingya montrent cependant les limites de cette promesse, relève Marie Lamensch, de l'Institut montréalais d'études sur le génocide et les droits humains (MIGS) de l'Université Concordia. Des interventions étrangères, comme celle des Américains en Irak, ont « abusé » du principe de la « responsabilité de protéger » élaboré dans les années 2000, relève Mme Lamensch. La structure du Conseil de sécurité, au sein duquel plusieurs acteurs importants n'hésitent pas à protéger des régimes répressifs, limite par ailleurs la capacité d'intervention des Nations unies. « C'est dur de faire avancer les choses dans un monde où nombre de pays préfèrent se regarder le nombril », relève l'analyste du MIGS.

lundi 8 avril 2019

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