L’Afrique subsaharienne n’échappera pas à une nouvelle crise de la dette
Par Michel Lobé Etamé

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L’Afrique subsaharienne n’a pas retenu la leçon de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) mise en place par la communauté internationale et dont le but recherché était la restructuration de la dette globale des pays éligibles. Cette initiative a été mise en place à partir de 1996 par le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale (BM) et des banques régionales de développement.

Les conséquences des mesures douloureuses consenties par les États sont encore ressenties par les populations. La privatisation des sociétés d’État, les licenciements abusifs et très souvent injustifiés, ont provoqué des drames sociaux irréparables qui ont mis sur la place publique la détresse financière de certains pays.

Les États ont continué à mener leur train de vie dispendieux, convaincus que le pétrole et les matières premières suffiraient à garantir une croissance soutenue. Il n’en a rien été. Après quelques années de répit, ils ne se sont pas privés à lever la dette pour boucler leurs budgets. Cet argent n’a pas été investi dans les projets créateurs de richesse. Huit pays sont particulièrement visés par le FMI. Quatre d’entre eux, producteurs de pétrole, sont en zone rouge : le Mozambique qui a maquillé ses comptes selon un rapport des experts du FMI, le Congo Brazzaville dont la mauvaise gouvernance ne surprend plus, le Gabon et le Cameroun qui vient de procéder à un remaniement ministériel en trompe-l’œil et dont la dette explose.

Fragilisés par la chute des cours du brut depuis 2014, les pays subsahariens producteurs de pétrole ne peuvent plus rembourser leurs créanciers. Ils sont contraints de négocier avec ces derniers afin de réduire le poids d’une dette devenue insupportable. Une nouvelle crise de la dette est inéluctable. Le nombre des pays à risque ne fait que s’accroitre. Le niveau d’endettement est passé de 20% en 2014 à 50% en 2018 selon les rapports de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International.

La collecte de l’impôt dans ces pays est mal organisée. A cette faiblesse s’ajoute l’architecture d’une dette incontrôlable entre l’État, les entreprises, les banques locales et les fonds vautours très alléchés par des rendements très élevés.

L’Afrique subsaharienne est également exposée aux appétits de Pékin qui prête sans aucune garantie afin d’assurer ses achats de matières premières. La pauvre Afrique voit ainsi entrer dans sa bergerie la Chine dont les méthodes n’ont rien à envier à l’appétit de l’ogre traditionnel occidental.

La dette de l’Afrique fait des heureux. Parmi ceux-ci, on trouve les fonds vautour à l’affut, prêts à racheter ces dettes avec une grosse décote. Ils gagneront alors beaucoup d’argent au moment de la restructuration de ces dettes.

Ce scénario est prévisible. Il n’échappe pas aux dirigeants africains qui ne rendent jamais des comptes à leur peuple. La mauvaise gouvernance et la corruption sont responsables de ce chaos. Les objectifs du millénaire qui ont été brandis au cours des années fécondes devront être rangés dans la case « futur impossible ». Les achats massifs d’équipements militaires et des armes ont englouti les budgets des États déjà si fragilisés. Les marchands d’armes se frottent les mains car les poches de guerre qui se préparent vont encore alimenter leurs caisses.

L’Afrique devrait changer son modèle de développement basés sur la vente des matières premières improductives. Les prix volatiles du marché des matières première ne peuvent garantir une source de revenu fiable. Il est temps de créer des unités de production créateurs de richesse, dont de l’emploi. Cette évidence rejoint le projet d’un marché commun continental pour écouler les produits. L’Afrique subsaharienne pourrait aussi doper sa croissance en comblant son déficit d’infrastructures.

Ce projet ambitieux mais réaliste favorisera le développement de nouvelles infrastructures pour relier les grandes capitales. Un bassin de l’emploi peut rapidement voir le jour par la construction des routes et du chemin de fer transcontinental. Ce projet n’est pas ambitieux. Il est tout simplement réaliste pour répondre à une demande très forte.

Les chefs d’états africains sont-ils disposés à gérer positivement le futur du continent ? Nous n’en doutons pas. Mais les dirigeants actuels devraient laisser la place à une jeunesse plus cultivées, ambitieuse et déterminée.

La crise de la dette qui s’annonce en Afrique subsaharienne est un épisode douloureux que traverse l’Afrique. Comme en 2000, la thérapie sera sans pitié pour le continent. En Afrique francophone, le spectre d’une nouvelle dévaluation du franc CFA pointe déjà son nez.






Par Michel Lobé Etamé
Journaliste
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vendredi 6 avril 2018

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