Editorial - Et si 2017 était une année de transition politique au Cameroun ?
Par Michel Lobé Etamé

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Le Cameroun de 2017 doit être un pays ouvert au dialogue national car les tensions en cours couvent des revendications économiques, sociales et identitaires. Pour construire un grand pays, les dirigeants doivent jouir d’une indépendance totale et d’une liberté inconditionnelle dans les choix décisionnels de leurs programmes de développement. Ils doivent s’ouvrir au monde extérieur tout en ménageant leurs intérêts nationaux. Mais ils ont aussi le devoir de libérer leur peuple pour une paix sociale. Cette liberté délie les esprits et multiplie les initiatives. Or ce n’est pas le cas au Cameroun où une minorité redouble de subterfuges pour préserver des intérêts égoïstes en se maintenant à tout prix au pouvoir.

L’édification d’un pays est une tâche difficile. Elle ne peut contourner la liberté des femmes et des hommes pour les diviser et mieux régner. Elle favorise la cohésion nationale indispensable pour relever les grands défis, se mettre au combat et produire plus pour alléger une lourde dette qui plane sur nos têtes.

La brutalité des forces de l’ordre ne saurait être une réponse pérenne aux revendications. Elle freine un mouvement, mais elle ne résout aucun problème. C’est pourquoi le problème anglophone doit se traiter dans un cadre apaisé entre tous les camerounais et non entre francophones et anglophones. N’oublions pas que nous appartenons à un même pays. La culture nous a été imposée par les colons. Elle ne doit pas diviser les camerounais.

Le régime actuel est-il disposé à changer de fusil d’épaule ? Ce changement impose une longue phase de dialogue où seront évoqués les freins au développement du pays, la lutte contre la corruption, l’évasion fiscale et les détournements des deniers publics. Le sujet est vaste et les échecs accumulés au fil des ans condamnent deux générations déjà sacrifiées et les deux prochaines à venir.

Demain s’écrit dès aujourd’hui. Le pouvoir politique en place a échoué. Mais il dispose d’une puissance militaire prête à briser toutes les formes de contestation ou de rébellion. Cette puissance des armes n’est pas un outil pour apaiser les tensions sociales et les esprits. Certes, le calme relatif observé peut se traduire par la précarité, l’incertitude et la peur. Mais, il n’échappe à personne que le malaise social est de plus en plus perceptible.

Le mal être du citoyen s’observe au premier regard. Il est devenu plaintif, dubitatif et peu enclin à l’effort. Il ne croit plus à demain. Dans une société où l’on ne peut plus faire de projections, le temps s’enlise. L’initiative privée est plombée. Seule l’autorité, sourde et aveugle continue à faire des promesses qui ne dressent même plus le poil. Le discours officiel est le même depuis des décennies. L’espoir ne fait plus vivre.

La vision de développement au Cameroun est utopique. Elle trahit une forme de servilité qui pousse sans cesse l’Afrique à réfléchir par rapport à des marchés qu’elle ne maitrise pas. Aucun bilan n’est fait après les échecs successifs des gouvernements de l’ère Biya pour rectifier le tir. La fuite en avant est devenue une règle de jeu à laquelle se livrent ceux qui gouvernent.

Le contexte social actuel nous amène à dénoncer les inégalités croissantes des revenus et des richesses entre ceux qui gouvernent et les exclus plus nombreux. Ces inégalités multiplient les risques de polarisation des camerounais. Si rien n’est fait de manière concertée pour mettre fin aux dérives du pouvoir en place, nous pouvons redouter une profonde crise qui va réveiller tous ceux qu’on croyait endormis.

Les solutions à la crise actuelle sont nombreuses. Il faut assainir le climat social pour un dialogue inclusif où participeront tous les exclus du système. Il faut ensuite accorder une priorité au développement de l’agriculture qui est le meilleur antidote et la principale alternative au chômage, au sous-emploi structurel et à la précarité observée.

Pourquoi faudrait-il mobiliser toutes les terres pour cultiver en priorité le cacao et le café qui alimentent les productions agro-alimentaires étrangères et qui ne génèrent aucune plus-value chez nous? Les produits agricoles d’exportation (café, banane, cacao, huile de palme) font rentrer des devises. Celles-ci remplissent à peine les caisses de l’état qui subit ostensiblement la baisse du prix du pétrole et des matières premières agricoles. Cette faiblesse économique n’est pas maitrisable car elle est soumise aux fluctuations monétaires.

Elle est cependant prévisible alors que le marché intérieur est moins volatile. Elle devrait inciter à produire les denrées consommées tous les jours sur place par les ménages et dans tous les marchés de la sous-région.
Il serait donc raisonnable de donner un coup de pouce à la production de nos denrées et développer un marché stable et moins contraignant qui ne subit pas les turpitudes des bourses et des grands négociants extérieurs qui provoquent à leur gré des pénuries imaginaires.

Le Cameroun de demain doit gagner. Il ne manque pas d’atouts. Cette victoire ne peut se réaliser qu’avec des femmes et des hommes de cœur. Or l’équipe actuelle aux commandes n’est pas vertueuse. Elle est disqualifiée par ses échecs successifs qui s’affichent au grand jour.

En conséquence, le peuple s’est replié sur lui-même et l’on observe chaque jour un climat de désaffection politique.

2017 doit être une année de transition politique et d’harmonisation qui implique les anglophones, les francophones et la large diaspora disponible. Mais une condition s’impose : la fin de l’impunité pour tous les actes de corruptions et de vol des deniers publics.

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste
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vendredi 13 janvier 2017

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